De l'Alpe d'Huez au Mont Ventoux en Brompton [récit]

Bonjour à tous !

Les habitués le savent : depuis quelques années, j'essaie chaque été d'aller balader mon Brompton pendant plusieurs jours en montagne pour venir ensuite raconter tout ça ici, avec force smileys et photos époustouflantes   (voir ma signature pour tout ces détails…).

Cette année (2014), une bonne partie de l'été a été consacrée à l'organisation de notre déménagement à Montpellier (sans parler de travaux, etc.) – du coup, je n'ai pas pu réaliser de voyage à vélo… Heureusement, dans le Sud, l'hiver est (paraît-il) assez court et le printemps n'est que dans 4 mois…

En 2013, par contre, j'avais effectivement planifié une belle rando dans les Alpes entre juin et juillet, mais des imprévus m'ont contraint à l'annuler. Ce n'est qu'en septembre de la même année que j'ai pu improviser au pied levé un petit voyage cyclotouriste de 6 jours dont voici le compte-rendu… avec 14 mois de retard !


L'idée était de commencer du côté de l'Alpe d'Huez avec deux ou trois ascensions alpines, puis de descendre dans le Sud par les petites routes pour finir avec l'ascension du Mont Ventoux – au sommet duquel je devais retrouver ma compagne (afin de passer quelques jours de vacances dans la région).
En fait, j'étais surtout amusé par l'idée de relier ces deux ascensions mythiques en vélo et plutôt curieux de voir ce que je trouverais comme décor, chemin faisant…

Voici une carte pour situer les différentes étapes (points jaunes) et quelques lieux notables (points rouges).


Comme point de départ, j'avais opté pour Le Bourg d'Oisans dont les avantages sont multiples : relativement accessible depuis Paris (TGV jusqu'à Grenoble, puis bus), situé à proximité de plusieurs beaux cols réalisables dans la journée (Alpe d'Huez, Glandon, Croix de Fer, Galibier…) et pourvu d'un camping installé au pied de la montée de l'Alpe d'Huez (camping où j'ai loué un sympathique petit chalet qui a fait office de camp de base pendant 3 jours et 3 nuits). Ensuite, j'ai fait étape à Mens, Saint-Nazaire-le-Désert et Malaucène, le dernier jour étant réservé à l'ascension du Géant de Provence (que j'avais par ailleurs déjà gravi depuis Bédoin en 2010).

Cette fois encore, j'ai publié sur Urbanbike un billet similaire contenant peu ou prou la même chose qu'ici (le texte et certaines infos étant adaptés pour des question de format et de lectorat)…


Bon, allez… Le récit, les photos !

Jour 0 : arrivée au Bourg d'Oisans, installation au camping, courses, petit bricolage et vérification technique du vélo, pâtes.

Jour 1 : Alpe d'Huez. Comme les prévisions météo pour la semaine sont mitigées, je profite du relatif beau temps du premier jour pour attaquer directement le gros morceau.
Ici, les premiers lacets matinaux avec, en arrière-plan, les structures géologiques caractéristiques de la vallée de l'Oisans…


… Et fin de la montée. Une ascension très agréable et sans grande difficulté grâce, entre autres, au revêtement parfaitement entretenu.
Plutôt calme, quand on connaît la foule des grands jours, en plein mois de juillet.


Si je souhaitais gravir l'Alpe d'Huez, c'était surtout pour aller poser mes 16 pouces plus haut, vers le discret Col de Sarenne (1999 m), accessible via une petite route pastorale.




Au col se trouve le Refuge du col de Sarenne que vous connaissez peut-être…


Une fois passé le col, la descente mène tout droit au lac du Chambon. De là, je reprends un peu de hauteur en empruntant les Balcons d'Auris, un petit ruban de bitume accroché à flanc de falaise qui surplombe la vallée jusqu'aux premiers lacets de l'Alpe d'Huez (qu'il me suffit de redescendre pour revenir directement sur Le Bourg d'Oisans) : panorama saisissant garanti !… Ici, en regardant vers Le Bourg d'Oisans…


…Et dans l'autre sens, vers le Jandri et la station des 2 Alpes.


Pour ceux que ce chouette itinéraire intéresse, je l'ai mis à dispo sur Openrunner.

Le lendemain, j'attaque le Col du Glandon suivi du Col de la Croix de Fer (situé à quelques kilomètres du premier).
L'ascension du Glandon est assez pernicieuse car elle comporte plusieurs grandes descentes… qu'il faut prévoir de remonter au retour ! Il est donc nécessaire d'en garder sous la pédale.
Sinon, c'est un col assez conventionnel (départ dans la vallée, traversée de quelques villages, première partie en sous-bois, lac à mi-chemin, final dans les alpages…) et, tout comme l'Alpe d'Huez, c'est un grand classique (les cyclosportifs l'enchaînent souvent avec le Galibier). Encore une fois, en septembre, c'était assez calme…
Ci-dessous, le départ de Bourg-d'Oisans dans la brume matinale…


…Arrivée au lac de Grand'Maison, peu avant les derniers kilomètres qui mènent au col du Glandon…


Col du Glandon : échange de points de vue avec un londonien mi-hipster, mi-globe-trotter…


…Et col de la Croix de Fer, à quelques lacets de là.


Le lendemain, il est temps d'entamer ma migration vers le Sud.
À nouveau, départ dans les brumes… Ou les nuages ? — En montagne, les unes ne sont jamais loin des autres.


Je quitte l'Oisans par le col d'Ornon (assez facile)…


…Suivi du col de Parquetout (un petit enfer, avec des pourcentages jusqu'à 18%!) et, finalement, par le col de l'Holme (plutôt gentil).


Col Saint Sébastien : le petit dernier de la journée, juste avant de descendre vers Mens, mon étape.
Une pluie battante m'a accompagné une bonne partie de l'après-midi et je suis bien imbibé…


Le soir, à l'hôtel, buanderie improvisée… Notez la ficelle et les pinces à linge que j'avais emportées et qui viennent bien à point.


Le jour suivant, direction Saint-Nazaire-Le-Désert, un petit village isolé situé à une trentaine de km au nord de Nyons.
Mon itinéraire me mène à travers le Pays Diois en passant par plusieurs petits cols qui s'enchaînent tranquillement l'un après l'autre…
Une fois franchie la "frontière climatique" Nord/Sud, le temps se dégage assez rapidement… (ici, le col de la Croix Haute, dans le Sud du Vercors).


Exit les reliefs alpins… Passage pittoresque dans le défilé du Charan, non loin de Glandage. La route, taillée à même la falaise, n'est pas sans évoquer certaines voies vertigineuses du Vercors…


Saint-Nazaire-le-Désert… porte bien son nom.


Jour 5 : dernière étape de route vers Malaucène. Je roule vers Nyons en traversant les belles Gorges de Saint May…


Plus loin, à la sortie de Vaison-la-Romaine, je tombe sur cet arbre à vélo. En toile de fond, on aperçoit le Mont Ventoux qui domine la région…


Enfin, dernier jour, c'est l'ascension du Ventoux.
Depuis la veille, j'ai une douleur au genou gauche qui persiste (et j'ai d'ailleurs raccourci l'étape précédente pour ne pas trop le fatiguer).
Aussi je décide d'y aller mollo et de prendre mon temps…
Lumière matinale au kilomètre zéro, à la sortie de Malaucène.


Au gré des virages, le soleil, encore bas, joue à cache-cache et peine à réchauffer les rochers du Mont Chauve…


Derniers lacets avant le sommet… alors que la matinée est bien avancée !


Je me suis souvenu un peu tard que, dans "Ventoux", il y a… "Vent" !
Dans les derniers kilomètres, les rafales ont fortement ralenti ma progression… sans parler du froid.
Autant dire que j'étais vraiment content d'arriver au sommet, où j'ai été accueilli comme prévu par ma compagne et un ami (venus en voiture, eux).


Après la photo-souvenir d'usage, nous nous sommes précipités au chalet Reynard pour nous réchauffer autour d'un café, puis j'ai attaqué la descente vers Bédouin (environ 15 km), escorté par mes accompagnateurs motorisés.
Bien que, ces dernières années, j'ai eu la chance de parcourir un certain nombre de beaux cols en Brompton, je garderai un souvenir particulièrement vivace de ce dernier tronçon tant ce fut rapide et intense… !

Et voilà… J'espère que ce petit compte-rendu vous aura inspiré pour vos futures randos ou, tout du moins, vous aura convaincu de participer à la rando Ventoux prévue en 2015 !
En tout cas, ce chouette (mini)trip m'a à nouveau permis de voir (ou entrevoir) des coins de France que je ne connaissais pas (le Pays diois, les Alpilles, le Vercors…) et qui méritent largement le détour…

Niveau matériel et organisation, j'ai déjà détaillé tout ça dans mes précédents compte-rendus et les autres topics de ce forum ; cela diffère peu (réservation hôtels, etc.)…
Ceux qui me connaissent auront néanmoins noté que je n'ai pas utilisé mon propre Brompton (qui avait un problème de transmission) mais celui de ma compagne (lui aussi équipé d'un Mountain-Drive) sur lequel j'ai simplement installé mon tube de selle, ma selle et mon porte-bidon.

Enfin, anecdote : cette randonnée m'a permis d'atteindre (et dépasser) le nombre de 100 cols franchis en Brompton… Je songe à  m'inscrire au club éponyme… !

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Edit : à la demande de Miss Kat, j'ajoute les kms parcourus pour chaque étape (ainsi que les dénivelés positifs) :
Jour 1 (Alpe d'Huez + Col de Sarenne) : 57 km, D+ 1980 m
Jour 2 (Glandon + Croix de Fer) : 83 km, D+ 1800 m
Jour 3 (Bourg d'Oisans > Mens) : 80 km, D+ 1750 m
Jour 4 (Mens > St.-Nazaire-le-désert) : 85 km, D+ 2000 m
Jour 5 (St.-Nazaire-le-désert > Malaucène) : 89 km, D+ 850 m
Jour 6 (Mont Ventoux) : 45 km, D+ 1600 m
Ce qui fait un total de 439 km pour 9980 m de D+

Salut Vincent !  Pour créer l'émulation,  tu n'as pas pris le parti de présenter quelques plats régionaux au menu de ce compte-rendu contrairement à François (Franb) qui nous met l'eau à la bouche avec ses récits de balade en Malaisie.   Pourtant la région ne manque pas de saveurs, mais tu marques les esprits avec quelques images de routes superbes et d'un arbre conjuratoire où on aimerait y voir pendus des Brompton (ah ! J'ai ma photo de "système de rangement").

Ce récit d'une ancienne balade en solitaire tombe bien pour lancer le sondage au sujet des dates de la Balade dans le Lubéron et troisième "Ventoux en Brommie" à destination tout spécialement des bromptomontagnards en herbe.

merci pour ce morceau de choix ..
j'apprécie

hmm ça donne envie ces superbes photos ! Quels paysages grandioses...

Moi j'aimerais savoir combien de km vous avez parcouru en tout et lors de chaque étape (en moyenne).

Abeillaud a écrit:

Salut Vincent ! Pour créer l'émulation,  tu n'as pas pris le parti de présenter quelques plats régionaux au menu de ce compte-rendu…

À vrai dire, c'est loin d'être des trips gastronomiques ; je me contente souvent de ce que l'hôtelier propose et, dès que c'est possible, c'est "pâtes" ou "riz" …

Miss Kat a écrit:

hmm ça donne envie ces superbes photos ! Quels paysages grandioses...
Moi j'aimerais savoir combien de km vous avez parcouru en tout et lors de chaque étape (en moyenne).

Hop, aussitôt exaucée… J'ai ajouté ces infos à la fin du texte.

vincent à vélo a écrit:

Miss Kat a écrit:

hmm ça donne envie ces superbes photos ! Quels paysages grandioses...
Moi j'aimerais savoir combien de km vous avez parcouru en tout et lors de chaque étape (en moyenne).

Hop, aussitôt exaucée… J'ai ajouté ces infos à la fin du texte.

wouaouhh impressionnant ! en gros 80 km et 1500 m de dénivelé par jour... !
Après ça, on est qualifié d' "athlète de haut niveau" (soit de haute altitude )

PS j'adore l'arbre aux vélos !

Sujet mis sous surveillance
Eh oui, sait-on jamais: je pourrais, un jour, me mettre à la recherche d'une belle balade...

Eh bien voilà un compte-rendu (et des photos) qui donnent sacrément envie d'aller goûter ces paysages... J'ai déjà noté quelques noms...

Merci pour le partage (et bravo pour la performance !)

Superbes paysages!

Je n'imagine même pas arriver en haut du premier col... Mais ça donne sacrément envie de se lancer, mais pê dans un truc un peu plus simple pour démarrer.

Quel appareil photo?

Merci pour ces photos qui donnent toujours envie.
Combien de temps as-tu mis pour monter le Ventoux par Malaucène ? As-tu des observations à faire concernant cette montée (développement utilisé, montée très difficile, difficile, ou classique mais longue ? Paysage magnifique ou monotone ? montée en forêt, ou dégagée, etc...?) Bref, j'aimerais en savoir un peu plus sur ce tronçon, avant 2015, année prévue pour le Ventoux.

Merci à tous pour ces sympathiques commentaires… !

Miss Kat a écrit:

PS j'adore l'arbre aux vélos !

Pour ceux qui se demandent quelle est l'idée sous-jacente de cet arbre à vélos…

gregvds a écrit:

Quel appareil photo?

Un Powershot G1X… Pas très véloce, mais une excellente qualité d'image. Quelques photos faites à l'iPhone quand j'ai la flemme de sortir le Canon (exemple : la 3e sur le Ventoux)…

Patrick57 a écrit:

Combien de temps as-tu mis pour monter le Ventoux par Malaucène ? As-tu des observations à faire concernant cette montée (développement utilisé, montée très difficile, difficile, ou classique mais longue ? Paysage magnifique ou monotone ? montée en forêt, ou dégagée, etc...?) Bref, j'aimerais en savoir un peu plus sur ce tronçon, avant 2015, année prévue pour le Ventoux.

J'ai du mettre quelque chose comme 3 h 1/2 (voire plus) avec gros sac avant + genou douloureux…
Si tu as l'habitude de monter des cols, je dirais que la grande différence avec une montée "classique" sont surtout le vent et le froid qui peuvent vraiment surprendre dans la partie finale totalement dépourvue de végétation (et donc d'abri). Il faut vraiment 1° prévoir de garder suffisamment d'énergie pour ces derniers km et 2° emporter des vêtements de protection en conséquence, si la météo s'annonce venteuse. Je ne serais pas étonné que la plupart des renoncements sur le Ventoux soient dûs à un gros coup de mou dans ce tronçon causé par l'action du vent froid et/ou du soleil…

Sinon, les premiers km des trois montées se font dans la forêt et les sous-bois… Je dirais que Malaucène est un peu moins monotone que Bédoin car la route est plus variée et l'on aperçoit un peu plus de paysage, mais rien d'époustouflant (je ne connais pas par Sault). Les parties les plus chouettes des trois ascensions sont évidemment les derniers kms, avec vue panormamique sur toute la région et paysage rocailleux ("lunaire", diront certains…).
Pour toutes ces raisons, il vaut vraiment mieux gravir le Ventoux un jour de beau temps.

Niveau développements, j'ai utilisé un Brompton 6 vitesses de base combiné à un Mountain-Drive, ce qui me donnait un développement mini de ±1 m… Comme c'est difficile de se mettre en danseuse avec des bagages, j'ai pris l'habitude de mouliner assis pendant mes voyages, même dans les pentes très raides… d'où mon utilisation de très petits développements. Je suppose que d'autres se contenteraient de développements plus importants…

Merci beaucoup pour cette réponse très précise et précieuse qui nous servira bientôt . Tes conseils nous seront très utiles.

Superbe récit qui nous donne une destination supplémentaire à noter dans nos carnets...

Vincent,

pouvez-vous donner un retour sur la fiabilité du Mountain Drive? Depuis combien de temps l'utilisez-vous? Avez-vous eu des soucis avec? Quel entretien demande-t-il? Etc. A l'usage, le MD s'enclenche en roulant en arrêtant de pédaler simplement, ou lors d'une pause?

Un grand merci déjà,

gregvds a écrit:

pouvez-vous donner un retour sur la fiabilité du Mountain Drive? Depuis combien de temps l'utilisez-vous? Avez-vous eu des soucis avec? Quel entretien demande-t-il? Etc. A l'usage, le MD s'enclenche en roulant en arrêtant de pédaler simplement, ou lors d'une pause?

On a beaucoup parlé du Mountain Drive sur le forum ; je ne suis pas certain d'apporter quelque chose de vraiment neuf sur le sujet…
Pour répondre à vos questions : j'ai fait installer mon MD en avril 2009 par les Vélos Parisiens. Depuis, j'ai roulé entre 10.000 et 15.000 km dont 2500 à 3000 km de montagne (au pif…).
Niveau entretien, c'est très simple, il faut graisser régulièrement le mécanisme via une petite vis qui donne accès à l'intérieur du boîtier. C'est très bien expliqué sur le site de Schlumpf.
Pour ce qui est de la fiabilité, je n'ai eu aucun souci de réglage/déréglage : une fois monté, ça fonctionne.
Par contre, j'ai subi une avarie importante dans une montée de col, dans les Pyrénées : les pattes de maintien de la couronne se sont tordues puis cassées et la couronne s'est désolidarisée du boîtier (j'ai posté une photo de la réparation sur ce fil).
Sinon, le mécanisme est fiable et peu sensible à l'enclenchement ; aucun risque qu'il ne s'active tout seul (évidemment, il arrive qu'on l'enclenche par mégarde en le heurtant du talon… Mais c'est plutôt rare, pour ce qui me concerne…).
Voilà, si le principe du Mountain Drive vous intéresse, je vous invite à consulter les différents sujets du forum qui lui sont consacrés (en commençant par celui-ci) ainsi que la page du site de Schlumpf renseignée plus haut, très complète…