Avec encore 221 morts et plus de 2 500 blessés graves l’an dernier, la pratique du vélo reste très accidentogène

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Avec encore 221 morts et plus de 2 500 blessés graves l’an dernier, la pratique du vélo reste très accidentogène. Si la sécurité s’améliore en ville, les campagnes sont au carrefour des drames

Au cœur de La Rochelle, quelques heures après avoir été percutée avec une dizaine d’autres écoliers par une automobiliste, la petite Margot aura donc rejoint la longue liste des cyclistes victimes de la route, noyant ainsi toute une ville dans le chagrin. Encore 221 morts l’an dernier en France (1), soit un quart de plus qu’en 2017, sans compter 2 500 blessés graves et marqués à vie. Si ce genre de collisions reste rare, à tout le moins en ville, le risque de perdre la vie à vélo est alors quatre fois plus élevé qu’en voiture, et seize fois d’être sérieusement meurtri. Mais, dans l’ombre de cette accidentologie orientée à la hausse, se cache paradoxalement une nouvelle encourageante. En croisant la statistique à celle de l’usage grandissant du vélo (+ 5% l’an dernier), la litanie de chutes et de chocs révèle un dommage collatéral finalement assez proportionnel à la tendance. Ainsi, 25 % des Français enfourchent-ils désormais leur monture au moins une fois par semaine (2), dont un tiers pour aller au travail ou sur le lieu de leurs études. « Selon le concept de mortalité au kilomètre parcouru, les choses s’améliorent franchement dans la plupart des grandes villes devenues hautement cyclables », admet Thibault Quere, directeur du plaidoyer et porte-parole de la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette).

Hypocrisie
Mais c’est donc en milieu rural, là où la pratique pourtant stagne, que les accidents restent comparativement plus nombreux et les plus graves, avec 124 décès l’an dernier. Par manque d’aménagements dédiés et par la faute de comportements plus dangereux au volant, les relations deviennent chaque saison plus conflictuelles en ces terres, concentrant 71 % de la mortalité cycliste, principalement sur les routes départementales. « Huit habitants sur dix considèrent que, pour les enfants et les personnes âgées, circuler à vélo est dangereux », rappelle-t-on du côté de la FUB qui, comme la plupart des associations, milite pour canaliser le trafic automobile en volume et en vitesse sur des axes dédiés, quitte à en réserver d’autres aux cyclistes.

« Ne pas rendre le casque obligatoire est absurde »
Mais il est aussi chez certains comme une légère hypocrisie à réclamer en boucle la sécurisation totale de leur parcours, quand bien même 37 % des cyclistes ne portent toujours pas un casque, réduisant des trois quarts le risque de traumatisme crânien, première cause de décès de la discipline. Obligatoire jusqu’à 12 ans, celui-ci devient au-delà sujet de discorde nationale, notamment lorsque les propositions de loi en la matière sont systématiquement rejetées par les parlementaires. « C’est absurde, d’abord parce que 80 % des accidents concernent des adultes, et puis parce que les jeunes assimilent cela au fait que, dès leur douzième anniversaire, ils pourront enfin ranger le casque au placard. » Sénateur centriste à l’origine de l’un de ces textes, Hervé Maurey en garde un souvenir cuisant. « Je reste étonné du nombre et de la violence des messages reçus. Les uns disant que j’étais aux ordres du lobby routier, les autres que j’ai des actions dans une fabrique de casques, quand il ne s’agit pas de crier que le Sénat n’est qu’un repaire de vieux cons. »
Ce, qu’avec davantage de politesse, pense, peu ou prou, Thibault Quere. « Transformer ceux qui ne le portent pas en délinquant serait surdimensionné. D’ailleurs, pourquoi ne pas aussi l’imposer aux piétons ? Sans avoir besoin que l’État nous dise quoi faire, nous constatons au passage que l’usage naturellement se répand. » Guère convaincu, Hervé Maurey convoque le souvenir d’un temps où pareil argumentaire desservait encore la cause de la Sécurité routière. « L’appel au sens des responsabilités ne suffit pas. Je me souviens des réactions épidermiques lorsque, pour les mêmes raisons, la ceinture de sécurité et le casque pour les deux-roues motorisés avaient été rendus obligatoires. Qui s’en émeut aujourd’hui ? »

Fous du guidon
Que dire enfin des fous du guidon ? D’abord, ne surtout pas donner du grain à moudre à la minorité d’automobilistes rêvant de supprimer l’ensemble du peloton cycliste de ses rétroviseurs. Les seconds étant, dans l’immense majorité des cas, victimes des premiers. Bien obligé pour autant de constater une excentricité croissante des comportements vélocipédiques, en particulier chez les nouveaux convertis. Selon plusieurs enquêtes, trois quarts des pratiquants prendraient ainsi davantage de risques – et de liberté – au guidon qu’au volant. Indiscipline particulièrement flagrante dans les grandes villes et parmi leurs différentes tribus se roulant les unes sur les autres : cyclistes du dimanche, « vélotafeurs », slalomeurs kamikazes, livreurs sous pression et autres accros au smartphone et à la musique à tue-tête.

(1) 89 cyclistes sont morts dans des accidents sans tiers impliqué. (2) Et près de 40 % une fois par mois, selon l’étude dévoilée mi-mai par le ministère des Transports.



(Pourtant il s'affiche sans abonnement ? Histoire de cookies peut être.)

Thierry a écrit:

Pourtant il s'affiche sans abonnement ? Histoire de cookies peut être.

J'ai ouvert le lien et il n'y a que les 4 premières lignes de l'article qui s'affichent, la lecture de la suite de l'article nécessitant effectivement un abonnement payant.

Macadam

On en est encore à réclamer le casque obligatoire?
Malgré tous les retours d'expérience désastreux que l'on a connu avec cette idée...

C'est déjà obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans.

Macadam

Je sais bien que c'est obligatoire pour les enfants.
Mais quand on voit dans l'article que c'est récupéré en disant que c'est une mesure qui donne l'impression aux enfants que l'objectif c'est de s'en passer à 12 ans, je n'y crois gère. La majorité des cyclistes casqués enfants gardent ce réflexe, du moins ceux que je connais.

Mais la question de l'obligation appliquée aux adultes fait l'objet d'un débat antédiluvien, résumé dans bien des vidéos avec des points de vue chiffrés et expliqués de la plupart des associations.
Que l'on pourrait résumer en: Evidemment que le casque, c'est bien.Obligez le et vous videz les pistes.

Plutôt que de travailler sur la pointe de la pyramide comme dirait Altis Play, mieux vaut intervenir sur les fondements. Ou concrètement, plutôt que de focaliser la question sur comment la tête éclatera moins quand un cycliste se fera renverser par une voiture, comment faire surtout pour éviter qu'une voiture se retrouve en possibilité d'écraser un cycliste...



Des petits liens sur le sujet si jamais :

C'est certain qu'il est préférable de travailler à éliminer le risque à la source dans la mesure du possible ou en le diminuant autant que faire se peut, plutôt que d'adapter des mesures de protection alors que le risque est toujours présent (c'est valable également dans les entreprises).
Légiférer sur le port du casque est effectivement un vieux et vaste débat qui peut rapidement devenir houleux.
Pour ma part, je juge que c'est préférable de laisser le choix aux gens de porter ou non un casque, chacun est libre et responsable de ses actes.

Macadam

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Sinon l'auteur est franchement malhonnête, les enfants accidentés à la Rochelle avaient entre 7 et 11 ans, et accompagnés, donc très probablement casqués, et les cyclistes à la campagne sont généralement casqués, car plutôt des sportifs en vélo de route ou vtt. Débat habituel, très réchauffé. Lue dans le courrier des lecteurs d'un magazine, une variante voulait rendre obligatoire le rétroviseur sur les vélos...