Je n’ai pas encore eu le temps de faire une longue sortie mais ça fait trois semaines que j’utilise des DZR avec notamment un trajet d’une cinquantaine de kilomètres en milieu urbain. Voici donc un premier bilan:
1) Se les procurerC’est le plus difficile. DZR est une petite société californienne qui m’a dit pouvoir expédier en France moyennant 80 $ de frais de port. Autant dire qu’on oublie tout de suite.
Il m’a d’ailleurs été conseillé de passer plutôt par alwaysriding.co.uk qui dispose d’un certain nombre de modèles. Boutique sérieuse. J’ai dû pour ma part attendre un réassort un bon bout de temps mais j’avais été prévenu. (Autres solutions: minx-girl.com (UK) ou maximiglio.com (Italie))
À noter par ailleurs que Mission Workshop diffuse cette marque mais n’offre qu’un seul modèle pour l’Europe: the Rondel (qu’on trouve ainsi chez Bicycle Store à Paris).
Je n’ai pas choisi cette dernière solution pour 2 raisons:
1°) Je souhaitais une chaussure haute pour un meilleur maintien.
2°) Je fais du 40, The Rondel (comme tous les modèles masculins chez DZR) commence en 41.
2) Pourquoi les chaussures DZR ?L’adepte de la pédale automatique qui pousse le vice jusqu’à l’utiliser pour ses trajets de commuting n’a pas toujours la possibilité – ou l’envie – de changer de chaussure en arrivant à son travail. Les chaussures mixtes – qui permettent de marcher tout en disposant d’un système d’attache automatique – offrent une alternative. Problème: elles viennent du monde VTT et ont en général les défauts de cette origine: gros crampons, look « chaussures de ski » (c’est-à-dire couleurs flashies, design technico-agressif, scratchs et plastique deci-delà, etc…). Bref, elles font un peu tache dans un contexte professionnel.
Les DZR permettent de conserver un côté urbain avec des chaussures de type Converse All Star (pour un habillage plus « ville » on peut se tourner vers les Quoc Pham; pour un look plus ouvertement cycliste tout en restant de bon ton on se tournera vers les Vittoria 1976 détaillées ici). Chez Chrome, la série Pro (vendue aussi chez Bicycle Store) joue dans la même catégorie mais certains utilisateurs se plaignent de sentir les cales en marchant. Voilà pourquoi j’ai opté pour DZR. Elle sont fabriquées en Chine et estampillées "Swiss design" sans qu'on ne sache précisément à quoi cela correspond vu que DZR est basé en Californie. La fabrication se révèle correcte. Il faudra voir au bout de quelques mois pour la solidité. Je rêve du jour où les fabricants traditionnels de sneakers proposeront ce type de produits (une Veja SPD compatible, ou mieux des Veam, j'achète tout de suite !) car l'offre est encore réduite, surtout sur le marché Français.
Ceci dit, si le style casual ne vous effraie pas, il y a sans doute de bonnes choses à trouver du côté des rayons BMX (trois références se détachaient dans un test paru dans
VéloVert en 2011: Shimano SH-AM45, Five Ten Minnaar et Sixsixone Filter SPD).
3) Choix du modèleEn gros, on a le choix entre cuir ou tissu et chaussure haute ou basse. Le cuir permet d’avoir quelque chose de plus étanche que le modèle tissu mais ça risque aussi d’être plus chaud. Par ailleurs, comme je l’ai dit, j’ai supposé – à tort ou à raison ? – qu’un modèle haut permettait une meilleur tenue, aspect important pour un usage en pédale automatique.
Bref, voici le résultat de ces multiples compromis:
(modèle Tosca)
4) Impressions en imagesÀ la sortie de la boîte, le centre de la semelle est prédécoupé. C’est-à-dire qu’il faut finir le travail avec un cutter, à moins qu’on préfère les utiliser simplement comme des chaussures normales (ce qui serait une idée bizarre). Le fabricant prétend avoir fait ça pour perpétuer « l’esprit D.I.Y. » des précurseurs de la chaussure mixte. Admettons.
Sachez qu'il est toujours possible d'en faire à nouveau des chaussures tristes et banales grâce à une cale plastique fournie:
Petite déconvenue: la semelle touche l’embout clipsable des MKS Ezy Cube. On peut profiter d’avoir le cutter à portée de main pour rogner un peu à cet endroit-là.
5) Bilana) Ce qui est bien…- Utilisables au quotidien comme de vraies chaussures. On peut marcher avec (c’est même ça l’intérêt !)
- Adaptée à mon dress-code (aspect de la semelle notamment pas trop massif).
- Modèle montant: c’est quasi exceptionnel pour ce type de chaussure et ça tient bien à la cheville. Rassurant.
- Réflecteurs sur le talon. Un détail certes. C’est (avec le logo en forme de maillon de chaîne) le seul indice discret de la vocation cycliste de ces chaussures. Juste ce qu’il faut:
b) Ce qui l’est moins…- Chaussures montantes: moins rapides à enfiler / enlever
- Lacets inutilement longs: j’avais un peu peur au début qu’ils se prennent dans la chaîne mais ce n’est jamais arrivé. Tout de même pas très rassurant.
- Un peu trop chaudes pour l’été : la version en toile est doublée et pourrait être mieux aérée.
- Pas étanches. L’utilisateur conquis par le concept sera sans doute tenté de compléter avec un modèle cuir pour les jours de pluie. Sinon, il y a les sur-chaussures, mais la solution conviendra-t-elle aux fashions victims qui sont le cœur de cible de ce type de produit ?
- Léger contact avec l’embout clipsable des pédales détachables (mais la solution est simple, voir ci-dessus)
- Tendance à faire parfois cloc-cloc et à crisser quand on marche sur du bitume ou du carrelage. Assez discret pour le moment, ça risque de ne pas s’améliorer avec l’usure de la semelle.
- L’adhérence en marchant: attention notamment si on a l’habitude de descendre les escaliers en posant l’avant du pied sur le rebord de la marche. Dans le même ordre d’idée, on évitera les sprints et les zigzags en courant. D’ailleurs, on courra prudemment. Et même au lieu de courir on enfourchera son Brompton: c’est plus rapide et moins fatiguant…
c) Bilan du bilanMalgré une majorité de points négatifs ci-dessus, le bilan est à mes yeux plutôt positif. Ces chaussures remplissent le contrat: elles rendent réellement compatibles les pédales automatiques avec la vie courante et les quelques compromis qui apparaissent ne sont au fond pas des découvertes.
6) Sur l’utilisation des MKS Ezy Cube & PromenadeCes chaussures ont été pour moi l’occasion de passer non seulement aux pédales MKS détachables mais aussi, pour la première fois, au système automatique.
Petit bilan:
Tout d’abord ce que découvre le néophyte c’est qu’il y a autant de différence entre les deux types de pédalage qu’entre la brasse et le crawl. Au lieu de simplement appuyer sur les pédales, on appuie, on tire et on lève. On peut par exemple s’amuser à faire de larges ronds avec les jambes et la pédale suit. Du coup, on peut mouliner beaucoup plus vite: une sorte de turbo. Il faut juste avoir les jambes qui suivent...
La contrepartie, c’est que ça demande un temps d’adaptation: il est clair qu’on fait travailler plus de muscles qu’avec des pédales normales. Des muscles qui avaient jusque-là l’habitude de se la couler douce.
Dès la première utilisation, on comprend que c’est l’idéal pour la promenade. Mais dans le même temps, on ne peut pas s’empêcher de les trouver contraignantes en milieu urbain. On a la crainte qu’en cas de chute ou de situation d’urgence la pédale auto ne complique sérieusement la manœuvre. On se dit qu’on n’aura pas le temps, par exemple, de sauter hors du vélo en cas de force majeure. Bon, on ne l’a jamais fait mais on aime pouvoir se dire qu’on a la possibilité de le faire… À cela s’ajoute le coup classique du débutant à la première ou deuxième sortie: la chute. On arrête le vélo sans avoir anticipé. On s’aperçoit alors que le mouvement réflexe pour poser le pied par terre est entravé et... il est trop tard. Bing ! Chute à l’arrêt. C’est donc aux pédales automatiques que je dois ma première chute en Brompton, après une année d’invincibilité. Le poignet gauche et l’amour propre en ont pris un coup.
Mais après ça, l’habitude vient. On découvre aussi que la semelle en caoutchouc des DZR permet de pédaler avec le milieu du pied sur de petites portions délicates (remontée de file) sans avoir à enclencher les pédales. C’est appréciable en ville. Et du coup je peux même continuer à utiliser le Brompton en position trottinette !
Quant à l’enclenchement (avec les Ezy Cube), il se révèle assez facile pour être fait au jugé: pas besoin d’avoir le nez plongé dans ses pédales en démarrant au feu. Bien sûr, il y a des ratés mais avec l’habitude ils deviennent assez rares. En général, on démarre sans enclencher et en appuyant un bon coup sur la pédale on entend « ploc ! » et c’est parti.
Mais au milieu de cet enthousiasme j'entends ici et là s'élever des voix: "
Tout de même, n’est-il pas dangereux d’être ainsi fixé aux pédales ? ... La chose est-elle vraiment utile en parcours urbains ?"
Je me contenterai d'une réponse en 4 points:
Primo, on prend vite l’habitude d’anticiper et de déchausser avant de s’arrêter (et je rappelle que sur certaines portions où il faut garder les pieds en éveil on peut choisir de ne pas clipser et de pédaler avec la partie centrale de la chaussure).
Secundo, certes, ce n’est pas « nécessaire », mais ça offre une bonne efficacité de pédalage et un vrai plus dans les accélérations (exemple : rattraper au prochain feu un chauffard auquel on a deux ou trois mots à dire). Bref, ça participe au plaisir.
Tertio, ça permet de s’entraîner à ce type de pédalage et comme je ne suis pas du genre à faire beaucoup de vélo en dehors des trajets utilitaires, pour moi les trajets urbains sont bons à prendre.
Enfin, la part de risque demeure, certes, mais elle fait sans doute partie intégrante d’une certaine approche du vélo, comme l'illustrent ces adeptes du pignon fixe qui retirent un frein (voire les deux). Après tout, peut-être cet esprit-là ne m'est-il pas complètement étranger...
En ce qui concerne le système Ezy (détachable) de MKS, je dirais qu’il est moins instantané que la pédale pliante. D’autant plus que je laisse la petite rondelle jaune de sûreté et qu’il faut la retirer avant de démonter la pédale. Le problème c’est que cette petite bague aime bien filer entre les doigts comme un ressort quand on la retire. Je sais que certains s’en dispensent mais j’ai changé d’avis en entendant un jour au gros « bing ! » à un feu après avoir déchaussé. J’ai regardé par terre. C’était ma pédale qui venait de tomber. Ça m'a incité à revenir à la bague de sûreté... À noter qu'une sous-gamme vient d'apparaître: EZY Superior, qui présente l'avantage de faire l'économie de ces bagues (un bitoniau intégré à la fixation se charge du vérouillage).
L'autre problème c’est qu’on ne sait pas trop quoi faire de la pédale de gauche quand on l’enlève. La solution du cale-pied avec lequel on l’accroche au cadre m’embête un peu (je n’aime pas les cale-pieds - d'ailleurs, ça ne résout pas le problème pour l'Ezy Cube). Le mieux c’est encore de la glisser dans le C-bag avec la petite pochette fournie par MKS. Cela dit, on s’aperçoit vite que le nombre de fois où il est nécessaire de retirer la pédale est finalement plutôt faible.
Enfin, concernant les Ezy Promenade (les pédales normales), je constate une moins bonne adhérence qu’avec les pédales d’origine. Surtout sous la pluie. La faute à l’axe de la pédale qui est à la même hauteur que le pourtour: la chaussure ne s’enfonce donc pas pour caler ses crampons dans la pédale. Mais bon, elles sont un peu plus légères que les pédales d’origines et aussi un peu plus courtes, ce qui peut être bon à prendre si on a la mauvaise habitude de pédaler dans les virages serrés.
Reste que le système des pédales détachables est l'idéal pour conserver au Brompton son caractère polyvalent. On passe ainsi en 1 clic de pédales normales aux pédales automatiques. À moins de n'avoir QUE des chaussures mixtes - qui sait, peut-être y viendrai-je un jour... - c'est encore la meilleure solution.
EDIT: Je viens de voir deux compte-rendu:
L'un sur velotaf.com: 01ivier y passe en revue un modèle en cuir (modèle Ovis) qui lui semble un peu fragile (je n'ai pas eu cette impression avec le modèle en tissu). Quelques liens intéressants pour ceux qui veulent en savoir (encore) plus.
L'autre en anglais sur bikerumor.com: exemple d'un utilisateur qui est finalement revenu à la position normale !!! [EDIT: Et on comprend pourquoi: voir ce qui suit...]
!!! POST SCRIPTUM ou Retour utilisateur après quelques mois: !!!
Après certaines périodes d'utilisation intense et enthousiaste, il m'est arrivé de ressentir des douleurs post-utilisation. J'ai fini par soulever la semelle intérieure (collée) et j'ai ainsi constaté que la semelle en PVC rigide (ce qui est une bonne chose) était alvéolée (ce qui l'est beaucoup moins). Du coup, l'amorti de la semelle intérieure (ou sur-semelle) s'atténuant au fil du temps, les alvéoles (creux rectangulaires) devenaient perceptibles, ce qui fait que la plante de pied ne force plus sur une surface plane. Pas bon. Dans l'espoir de résoudre le problème, j'ai rempli ces petites alvéoles à l'aide de Rubson et j'ai reposé la sur-semelle sur le tout (attention toutefois à en mettre juste assez pour ne pas ressentir un effet bosse à l'avant du pied).
Voici le détail de l'opération à coeur ouvert:
(à noter que le système de fixation est sous un petit morceau de carton (!!!):
l'imperméabilité de la semelle, quoique correcte en utilisation courante, ne sera donc pas à toute épreuve...)
Je n'ai plus ressenti la sensation de "petits creux" à la surface de la semelle et je pense que l'opération eût été un succès complet si la pointure ne s'était pas révélée finalement un peu juste pour moi. Et l'ajout de cette petite couche de Rubson n'a pas arrangé les choses de ce point de vue-là...
Bref, à la fin des fins, force est de reconnaître que
la conception de la semelle n'est pas adaptée à un usage intense.
Et me voici donc à nouveau reparti à la recherche du Graal...
To be continued...