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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Mer 15 Mai 2013, 10:27
+1
Je ne te complimente pas trop de peur de mettre en gêne les futurs conteurs... Ces mises en bouche m'ont mis en appétit, j'ai hâte de lire la suite.
Miss Kat Maître Bromptoniste
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Mer 15 Mai 2013, 12:08
Pouille a écrit:
Voilà Miss Kat, c'est rectifié, la qualité de ta photo de "ta préférée" est formidable, bravo.
oups je rectifie vite la vérité : cette photo n'est PAS de moi, je l'ai trouvée sur internet. C'était une mise en bouche en attendant les photos d'autres personnes du groupe (moi j'avais juste une petite caméra ; d'ailleurs, je ne sais pas encore comment car je ne l'ai jamais fait, mais je tenterai de faire un petit montage si je trouve le logiciel adhoc).
Depannezvous Vénérable Grand Maître
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Mer 15 Mai 2013, 14:56
Merci à tous, j'ai passé un merveilleux moments à vous lire et à regarder vos photos au chaud près de mon ordi.....je vous envie.....
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Macadam Vénérable Grand Maître
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Mer 15 Mai 2013, 22:36
rmigneron a écrit:
J'imagine bien Abeillaud en slick dans la boue ...
Avec les nouvelles chaînes de "Bicyle accessories" présentées par Fredo (chaînes pour vélo), il n'y a plus de risques de patinage.
Pour Erland et Abeillaud: le magasin de vélo à Freiburg-im-Breisgau (Fribourg) où vous êtes allés acheter respectivement une cape de pluie et un boulon pour Jenny, ne serait-ce pas par hasard celui situé à proximité de la gare (environ 400 m) qui s'appelle "Die Radgeber und der Tandemladen" avec l'atelier et le magasin principal séparés par une petite allée ?
Macadam
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rmigneron Vénérable Grand Maître
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Mer 15 Mai 2013, 22:39
Certes, mais bon, je ne crois pas qu'ils les avaient !
Ritchie
erland Auteur à succès
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 07:02
– 2e jour: le 5 mai, les côtes de la Forêt Noire
Jacqueline et Philippe nous ayant rejoints, nous entamons en leur compagnie un tour d’adieu à la ville sous un soleil matinal:
À noter, la position périlleuse d’Olivier (à droite) entre les rails du tram et la petite rigole qui borde toutes les anciennes rues. Si on considère en outre la présence de pavés, on a apparemment ici le cocktail anticycliste parfait. Et pourtant (à moins que ce soit en raison même de ces petits périls?) la balade dans Freiburg est euphorisante. Les habitants ne s’y trompent pas d’ailleurs, et dans cette ville comme dans celles que nous traverserons au cours de notre séjour, le taux d’utilisation des vélos a de quoi faire pâlir d’envie les villes françaises les plus pro-vélo.
Vient ensuite une succession de paysages qui donnent du baume au cœur:
Il faut reconnaître qu’Olivier avait particulièrement bien choisi la période: les feuilles naissantes des arbres mêlaient leur vert tendre au vert sombre des sapins et aux bouquets blancs des arbres en fleur... le tout sur un tapis de pissenlits en fleur eux aussi. Bref, il y a certains coins où une symphonie visuelle apparaissait quasiment à chaque virage. Les photos prises avec un compact n’en donnent, on s’en doute, qu’une faible idée:
Ce jour-là, au sommet d’une côte cyclopéenne, nous attend le réconfort d’une douce bourgade allemande [je laisse à Olivier le soin de rappeler le nom].
Sa petite place:
Son panorama:
Son église:
Ses spécialités:
Après ces douceurs, il est temps de reprendre la route vers de vertigineux sommets. Les neiges de l’*** [help Olivier] se dessinent d’ailleurs à l’horizon:
Pendant l’ascension, nous bénéficions des conseils d’une cycliste allemande qui a de beaux sommets à son palmarès [ma mémoire me joue-t-elle des tours ou ai-je bien entendu le mot Everest?] :
Puis l’ascension reprend de plus belle:
Et, enfin !, l’arrivée au sommet (1150 mètres) où nous attendent fort salutairement un repas chaud et un bon lit:
Mon Brompton, au pied de mon lit, profitera lui aussi d’un repos bien mérité après son 1er sommet de 1 000 mètres.
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 08:30
Superbes photos, dont une sublime composition pour la huitième !
++
Ritchie
erland Auteur à succès
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 09:08
Macadam a écrit:
le magasin de vélo à Freiburg-im-Breisgau (Fribourg) où vous êtes allés acheter respectivement une cape de pluie et un boulon pour Jenny, ne serait-ce pas par hasard celui situé à proximité de la gare (environ 400 m) qui s'appelle "Die Radgeber und der Tandemladen" avec l'atelier et le magasin principal séparés par une petite allée ?
Aucune idée. Je pense qu'Abeillaud pourra t'en apprendre plus que moi. J'ai juste l'impression que le magasin était plus loin que ça de la gare mais je me trompe peut-être.
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 09:24
superbe cadrage erland!
Tiot-vélo Fournisseur officiel de belles balades
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 09:31
Très beau récit et superbes photos, qui me permettent de participer d'une certaine façon à cette 1ère partie du voyage que je n'ai pas pu faire avec vous !
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 09:50
erland a écrit:
Allez, une dernière de notre fabuleuse ascension:
Superbe, ça fait envie
Minimic Invité de marque
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 09:50
erland a écrit:
Allez, une dernière de notre fabuleuse ascension:
Superbe, ça fait envie
rmigneron Vénérable Grand Maître
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 10:05
C'est vrai que ça donne grave envie !
Géniale la dernière, aussi !
Jacq&Phil Invité de marque
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 17:16
Macadam a écrit:
Pour Erland et Abeillaud: le magasin de vélo à Freiburg-im-Breisgau (Fribourg) où vous êtes allés acheter respectivement une cape de pluie et un boulon pour Jenny, ne serait-ce pas par hasard celui situé à proximité de la gare (environ 400 m) qui s'appelle "Die Radgeber und der Tandemladen" avec l'atelier et le magasin principal séparés par une petite allée ?
Macadam
Bonjour,
Sauf erreur, il doit s'agir du magasin signalé par la flèche.
Jacq&Phil Invité de marque
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 17:19
erland a écrit:
Rentré le premier, je m’y colle avec un petit compte rendu du prologue [4-7 mai]:
....
Superbe récit David, de quoi raviver le souvenir pour bien longtemps.
Abeillaud Fournisseur officiel de belles balades
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 21:00
1er jour : - Le massif volcanique planté de vignes à l'ouest de Freiburg est le Kaisersthul. Nous n'y avons fait qu'une très brève incursion en rentrant à Freiburg. - Le magasin est "Extratour" (Schwabentorring 12, Freiburg). Le mécanicien a écarquillé ses yeux tout ronds quand je lui ai dit que nous nous rendions à Tübingen en Brompton à travers la Forêt noire.
2e jour : - Le village est Saint Peter et les neiges entourent le Feldberg dont le sommet culmine à 1493 m. - La cycliste rencontrée entre Saint Peter et Saint Märgen habite Freiburg. Elle a à son palmarès, notamment, 15 ascensions du col de la Bonette (plus haut col routier d'Europe) et un voyage au Ladhac sur des plateaux à plus de 5000 m d'altitude qu'elle a franchis avec un plateau de 22 et grand pignon de 34. Sa Rossinante est lourde, rustique, chargée de multiples cadenas rouillés autour du tube de selle et de petites chainettes indiennes discrètement enlacées près du jeu de direction comme des grigris. Je regrette de ne pas lui avoir indiqué l'adresse du Brompton Forum d'autant qu'elle s'exprime assez bien en français. -Plusieurs grimpettes étaient au programme : Unteribental à Saint Peter ; la route panoramique entre Saint Peter et Saint Märgen ; de Glashütte à Neukirch et pour la surprise de fin de journée, de Furtwangen au Naturfreunhaus (maison des amis de la nature) à Brend (alt. 1150 m). Philippe a conservé dans la mémoire de son GPS les dénivellés du parcours. Passer la nuit dans ce refuge haut perché était la surprise. Un ami venant d'un village situé près de Stuttgart nous y a rejoint la nuit tombée, avec son Brompton blanc et turquoise...
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 21:38
Un grand merci à Olivier pour l'idée de cette rando, pour les photos de David et le dévouement de Christian. Et un grand merci à tous les participants. Cela a été une semaine globalement réussie, avec quelques bonnes rigolades, quelques côtes mémorables et 580 km au compteur et dans les jambes. Pour être honnête il y a eu aussi la disparition de David heureusement temporaire et la mauvaise surprise d'un hôtel fermé heureusement transformée en une bonne nuit à la pension voisine.
Je m'en veut également le dernier jour de ne pas avoir pris le train jusqu'à Heidelberg car avec une crevaison réparée sous un déluge de grêle et une route peu agréable car trop routière ou trop boueuse, nous n'avons même pas pu visiter la ville ni monter au château. Une succession de mauvaises décisions .
L’Allemagne reste un très beau pays à visiter à vélo, au moins dans l'Eifel et la forêt noire. En plus on trouve partout des Biergarten et des Besenwirtschaft pour refaire le plein . Cela me donne définitivement envie d'y retourner. Les piste cyclables sont incomparablement meilleures qu'en France et les automobilistes globalement respectueux des cyclistes. D'un autre côté je pratique surtout les automobilistes et scooters parisiens ce qui fausse un peu mon jugement.
Abeillaud Fournisseur officiel de belles balades
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 21:46
Merci Guillaume d'avoir pris dans ton sac le carnet de route le long de la Neckar pour diriger l'équipée vers les bons ports, c'est-à-dire vers les Biergarten et les Gästhaus. Merci à Etienne pour les boules de cire salvatrices pour passer cette nuit-là.
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Jeu 16 Mai 2013, 22:31
Jacq&Phil a écrit:
Macadam a écrit:
Pour Erland et Abeillaud: le magasin de vélo à Freiburg-im-Breisgau (Fribourg) où vous êtes allés acheter respectivement une cape de pluie et un boulon pour Jenny, ne serait-ce pas par hasard celui situé à proximité de la gare (environ 400 m) qui s'appelle "Die Radgeber und der Tandemladen" avec l'atelier et le magasin principal séparés par une petite allée ?
Bonjour,
Sauf erreur, il doit s'agir du magasin signalé par la flèche.
Merci Jack&Phil, Erland et Abeillaud pour vos réponses. Ce magasin que j'ai déjà visité est situé dans la partie haute de la ville et vend non seulement des Brompton mais aussi des Birdy. Vous êtes peut-être passés devant un autre magasin de vélo situé à 300 m du magasin Extratour le long du tram quand on va vers le centre-ville (en haut de la photo hors cadre). C'est dommage car je n'ai pas pensé à vous communiquer une autre adresse qui vous aurait certainement intéressé, celle du magasin "Die Radgeber und der Tandemladen" situé à peine à 300/400 m de la gare de Fribourg qui vend également des Brompton (c'est là que j'ai acheté mon S1E-X).
Je regrette de ne pas avoir pu participer à cette sortie du fait de certaines contraintes, cette partie de la forêt Noire est superbe.
Fribourg est effectivement une ville exemplaire à plus d'un titre, surtout pour une ville moyenne de 215 000 habitants: - Soucieuse de l'impact environnemental, c'est une ville pionnière dans le développement de maisons et bâtiments basse consommation et à énergie passive. Il existe ainsi plusieurs quartiers écologiques expérimentaux qui ont permis de tester différentes technologies et concepts - Elle a su garder et développer son réseau de tram contrairement à la France où on a presque tout déposer dans les années 1950 pour les reconstruire à grands frais 50 ans plus tard - La part des déplacements en vélo est impressionnante. Strasbourg qui est pourtant championne de France dans ce domaine fait presque pâle figure à côté de Fribourg, ville 3 fois plus petite que Strasbourg. - L'intégration dans les transports en commun a été très poussée. Avec un seul ticket (Régio24 qui coûte 11 € pour une personne et 19 € de 2 jusqu'à 5 personnes), on peut voyager toute la journée autant de fois que l'on veut sur l'ensemble des services de transport (tram, train régionaux de l'étoile de Fribourg, bus urbains et régionaux) autour de Fribourg dans un rayon de 30 km (de Breisach jusqu'au delà de Neustadt).
C'est un coin où il faudra reprogrammer une sortie dans 2 ou 3 ans.
Macadam
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erland Auteur à succès
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Ven 17 Mai 2013, 06:10
– 3e jour: le 6 mai, de Brend à Triberg
Réveil au sommet des pistes. Les remonte-pente sont à l’arrêt mais on peut encore ici ou là poser les pieds sur une plaque de neige. Le refuge que nous a trouvé Abeillaud est entouré de hauts sapins. La Forêt Noire y prend tout son sens:
L’avantage d’avoir bien grimpé la veille, c’est qu’on ne peut commencer que par une belle descente...
… tout juste ponctuée par une chapelle...
… ou une source:
Voilà une photo que je vais garder précieusement: ce petit ruisseau, n’est ni plus ni moins que le début du Danube. En souvenir de la dernière page de Remonter la Marne de J.-P. Kauffmann, je me penche et bois l’eau. Je ne pensais pas avoir l’occasion de réaliser si rapidement une envie née quelques semaines plus tôt à la lecture de ce livre: boire à la source d’un fleuve. Et quel fleuve. Le Danube a un très bon goût. Ceux qui l’ont connu plus en aval me garantissent que j’y aurais réfléchi à deux fois avant de m’y désaltérer. Christian, à droite, nous a rejoint au petit matin. Cela fait plaisir de retrouver les compagnons de l’année précédente. Ah, zut ! Je m’aperçois qu’Olivier n’est pas sur la photo, occupé lui aussi à régler son retardateur... (Bonne raison pour y retourner, non ?...)
Puis la descente reprend:
… avec les mêmes ponctuations:
Nous arrivons finalement au musée de l’horlogerie, le « deutsches uhrenmuseum ». La Forêt Noire est en effet le berceau du coucou. Et des coucous, on va en voir:
Mais pas seulement. Le musée recèle une prodigieuse richesse de spécimens d’horlogerie. Je n’en extrais qu’un seul pour vous, amis cyclistes francophones:
Une belle horloge du XVIIIe s. fabriquée par un certain « Berthoud »... Ou quand les engrenages d’horloge rencontrent les artisans du cycles...
Et ça repart ensuite de plus belle. Je peux alors assouvir mon goût pour les façades allemandes...
… et pour les côtes, qui refont leur apparition:
Avec, ici et là, une cabane:
… et, pour finir, les cascades de Triberg:
Je ne le sais pas encore mais cette charmante petite ville nichée au creux d’un vallon marquera la fin de ma balade avec le groupe.
En effet, le temps se faisant menaçant, et sans doute aussi par souci d’illustrer les aptitudes à l’intermodalité de nos montures, Abeillaud propose de rallier l’étape du soir en train. Hélas, incapable de me laisser convaincre par la voix de la sagesse, je fais partie du lot des intrépides qui décident de boucler l’étape à la force du mollet.
Bref, nous roulons gaiement, revigorés par le sentiment de notre propre audace autant que par l’inclinaison descendante de la piste et, là, tout à coup, je me rends compte que j’ai perdu le contact avec le groupe. Je remonte la côte: personne. L’idée me vient alors que j’ai dû manquer un embranchement, je redévale, tente deux ou trois autres embranchements, mais sans plus de succès... C’est incompréhensible ! (En fait d’incompréhensible, je finis par me rendre compte au cours de mes aller-retour que la piste qui longe la route s’en sépare sur certaines portions et je comprends que nous avons dû cheminer à un moment en parallèle en revenant mutuellement à notre recherche et nous manquer sans doute ainsi...)
Et là où la chose prend un tour réellement préoccupant c’est que je me rends compte que mon portable est déchargé. Je remonte jusqu’à un magasin de « coucou » aperçu un peu plus haut. Il est 18 heures, ce qui signifie que la propriétaire est en train de boucler les volets. Je précise, pour apprécier le croustillant de la scène que, sans vouloir me vanter, mon bagage lexical en allemand ne comprend pas moins de quatre ou cinq mots. Bref, je vide mon T bag sous la pluie – j’ai oublié de préciser aussi que, conformément au pressentiment d’Abeillaud la pluie est en effet en train de tomber en trombe –, je vide donc sous la pluie mon T-Bag à la recherche de mon chargeur, je fais irruption, ruisselant, dans la boutique avec mon chargeur dans une main et le téléphone dans l’autre. On m’autorise charitablement à me brancher mais... mon forfait ne marche pas en Allemagne. J’ai au moins pu noter le n° d’Abeillaud et j’emprunte un téléphone. Langue inconnue au bout du fil... Ai-je le bon n° ?
Je remonte alors vers Triberg, sous une pluie battante. Finalement, la cape de pluie achetée à Freiburg est d’un fier secours. Et je me moque bien, désormais, des moqueurs ! Je ne peux aussi m’empêcher de remercier in petto Philippe qui, une heure plus tôt, a insisté pour me prêter une housse de sac qu'il avait en plus. (Oui, Philippe, un chaleureux sentiment de gratitude, je te le garantis !...) Je rejoins finalement la gare mais pour aller où ? Je ne me souviens plus de la ville étape du soir... Tout ce que je sais, c’est que l’étape du lendemain (la dernière normalement pour moi) s’achève à Tübingen... Ne sachant pas où je passerai la nuit, j’hésite un instant à rentrer purement et simplement. Je demande donc le premier train pour Paris. La guichetière me lance un regard stupéfait: « Paris, France ? » M’explique d’ailleurs que sans réservation ça va être difficile, regarde tout de même son ordinateur et m’annonce que, de Triberg, le prochain train part le lendemain matin... Bref, le seul choix raisonnable est de rallier Tübingen. Je dois prendre successivement quatre trains. Arrivée prévue: 22 heures. Je sais que ce sera trop tard pour une auberge de jeunesse. J’essaie tout de même de me convaincre que je trouverai bien un hôtel. J’enfile un second pull, dans l’éventualité de passer une nuit à la dure, et je sors un livre de Kessel. Ce qui m’embête en fait vraiment, c’est de ne pas pouvoir joindre les autres au moins pour les rassurer: on s’est quittés dans la forêt noire, sous la pluie...
Premier changement à Villingen. Là, alors que je n’y pensais même plus, je vais être sauvé par l’effet Brompton. Je venais de le plier. Une, puis deux personnes – francophones à chaque fois – m’interrogent sur ce petit vélo. S'ensuit la série classique des pliage-dépliage... Au fil de la conversation, j'explique ma situation. On me prête un portable: mais à nouveau le numéro ne marche pas. Puis un couple Italo-australien, intéressé aussi par ce petit vélo, me propose de m’héberger aux environs de Tübingen... Formidable ! Dans le train nous parlons Brompton... Puis, dans leur voiture, sous une pluie désormais torrentielle, on en vient à évoquer leur domaine d’activité: la permaculture. Tout cela m’intéresse d’autant plus que je n’en avais jamais entendu parler. John et Francesca m’expliquent tout ça, et je ne peux pas m’empêcher alors de penser que cela intéresserait aussi beaucoup Abeillaud qui m'a, deux jours auparavant, parlé d'agronomie. Ils en viennent à évoquer Tübingen, une « transition town » depuis quelques années... Une quoi ? À nouveau, ils m’expliquent, et me conseillent en outre de faire, au cours de ma visite de la ville, un crochet par le quartier français, bel exemple de projet d’urbanisme réussi. Je note tout ça.
Nous sommes arrivés. Il est 22 heures. Avant de m’endormir, au chaud, j’ai une pensée pour le reste du groupe. J’aimerais qu’ils sachent que tout va bien... Et j’espère les retrouver, demain, à Tübingen.
Dernière édition par erland le Lun 20 Mai 2013, 06:50, édité 1 fois
relax-max Vénérable Grand Maître
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Ven 17 Mai 2013, 08:44
quel feuilton! tous les ingredients y passe, beau paysages, aventures, rencontres, suspenses ... ne manque plus qu'un peu de romantisme!
l'anver-soif
Dernière édition par relax-max le Ven 17 Mai 2013, 08:46, édité 1 fois
Abeillaud Fournisseur officiel de belles balades
Nombre de messages : 5487 Age : 101 Localisation : Belgique (riverain du pré-Ravel L141, de l'ancien canal Charleroi-Bruxelles et d'anciennes carrières de petit granit) Mon Brompton: : Plusieurs Brompton couchés (Brecki) créés par mon amie Juliane et une collection historique dont les plus anciens fabriqués à la Power House Date d'inscription : 20/11/2009
Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Ven 17 Mai 2013, 08:45
- Fin du 2e jour : 5 mai, l'arrivée de Brombär
Au Naturfreundehaus* de Brend, il fait déjà nuit, dans quelques heures ce sera le réveil au sommet des pistes. Un 4e rendez-vous est inscrit sur ma feuille de route : Bromptonounours, qui "werd am Sonntag recht spät ankommen". "Bromptonounours", c'est ma traduction de "Brombär". "Bär" signifie en français "ours" ou "baie", nous avait-il expliqué. "Nounours" c'est tout de même plus commode et plus charmant que le "fruit indéhiscent dont le péricarpe charnu contient les graines ou des pépins".
Nous attendons, blottis dans la chambre, discutant de l'enseignement de la littérature française au lycée. Cette journée esquintante par monts et par vaux ne nous a pas rendus totalement brise-raison, sans doute revigorés par l'air vivifiant des sommets peuplés de hauts sapins et ragaillardis par un repas solide. Un message et une bonne heure trente de prolongation, et enfin à travers la lucarne et les échafauds qui entourent notre refuge, des phares, puis à l'arrêt du moteur, un habitacle d'une limousine allemande qui s'éclaire. Notre ours avec son Brompton blanc et turquoise en sort. On s'embrasse devant une porte qui claque et nous enferme dehors. "Vous avez monté en Brompton jusqu'ici !", me dit-il presque incrédule.
Qu'il fasse les six derniers kilomètres à la lueur de sa SON, déposé par Madame au pied de notre dernière difficulté de la journée (la toute dernière étant l'enfilage des housses d'édredon), j'en doutais un peu... C'est une idée savoureuse de passer la nuit en altitude, mes compagnons vous diront peut-être qu'elle est plus savoureuse au réveil qu'en fin de journée, quand près de 300 m de dénivelé vous tendent les bras par surprise, qu'il faudra bien y aller au soleil couchant.
Dernière édition par Abeillaud le Dim 19 Mai 2013, 14:28, édité 11 fois
Minimic Invité de marque
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Ven 17 Mai 2013, 09:02
relax-max a écrit:
quel feuilton! tous les ingredients y passe, beau paysages, aventures, rencontres, suspenses ... ne manque plus qu'un peu de romantisme!
l'anver-soif
Oui, vivement demain !!!
LRU Maître Bromptoniste
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Ven 17 Mai 2013, 13:06
Bonjour,
Je me permet de mettre un mot sur ce billet pour remercier et saluer la qualité des récits et des photos. @erland: quelle aventure...
Vous avez du passer un super moment, je regrette comme Nwben de pas avoir pu participer à cette très jolie ballade
Dans l'attente des prochains récits...
jipi Invité de marque
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Ven 17 Mai 2013, 20:39
La mésaventure de David m'a convaincu qu'il vaut mieux donner à chacun un papier avec les adresses et les n° de tél. Je crois que de notre côté c'est Olivier qui était le plus inquiet. J'ai le souvenir d'avoir vu David jusqu'à une première déviation pour cause de tunnel interdit aux vélos, avec une fonderie le long de l'ancienne route devenue déviation et un énorme coucou d'au moins 3 mètres de haut (pas l'oiseau, l'horloge). Des fondeurs venaient de couler du métal en fusion dans un moule et j'attendais le reste du groupe pour que nous nous regroupions avant de reprendre la route de l'autre côté du tunnel. Je vois partir David devant, et j'attends encore les derniers du groupe, me disant qu'on rattrapera notre échappé un peu plus loin. Nous nous engageons alors pour une bonne descente ; la route est sinueuse mais roulante, au fond d'une vallée encaissée qui ne laisse pas le choix de trajet, mais toujours personne. Etrange... Nous arrivons à un deuxième tunnel et une deuxième déviation. Cette fois c'est une scierie au lieu d'une fonderie, mais toujours aucune trace de David. Maintenant nous sommes inquiets, nous avons dû le dépasser sans nous en rendre compte. Nous remontons donc la route, jusqu'à une boutique de coucou et autres babioles à touristes et toujours aucune trace. Peut être ne s'est il pas arrêté à la scierie, et qu'il a continué sans nous attendre. C'est peu probable mais la route est une descente facile et roulante, donc nous continuons jusqu'à la 3e déviation qui est aussi l'entrée dans un gros bourg. Sans nouvelle de David, avec une pluie battante, nous décidons de rejoindre Olivier que nous rejoignons trempé jusqu'aux os, cadeau d'un bel orage.
Abeillaud Fournisseur officiel de belles balades
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Sujet: Re: La balade de l'Arbre de mai (bis): Forêt noire et Neckar [2013] •Bƒ Sam 18 Mai 2013, 00:58
– 3e jour: le 6 mai, de Brend* à ... Kirnbach [d'un sommet à l'autre]
J'aime ces auberges rustiques pour leur confort simple. Une énorme paire de chaussures de montagne en vieux cuir qui en a vu, une coiffe traditionnelle aux mutliples pompons rouges aussi voyante que la cape d'erland, une culotte longue féminine en coton épais et aux motifs brodés qui sèche perpétuellement, pendent à côté d'un poêle traditionnel en faïence. Ces poêle de masse, on en trouve aussi en Alsace et dans les Vosges, on peut s'y coucher de tout son long, ils diffusent sous votre échine une chaleur douce. Mais l'hiver interminable est passé, dehors et dedans les températures de cette première semaine de mai n'imposent pas de le charger en bois résineux, nous n'en profiterons pas.
Après avoir mis le nez au travers de la lucarne vers les sous-bois ensoleillés, c'est la cérémonie du petit-déjeuner. Ce "Frühstück" est toujours composé d'un buffet rassemblant divers mets salés et sucrés. Rien à voir avec ce qu'offre l'hôtellerie française où l'on doit généralement se contenter d'un café, de croissant ou de pain et d'un peu de confiture. C'est un des bonheurs des balades de l'Arbre de mai. On en profite pour parler des plans de la journée : côte, visite, kilométrage, comment se vêtir... mais aussi de plus ambitieux qui sont parfois évoqués à demi-mot dans la rubrique action, cyclotourisme de votre forum. Il se produit parfois une chose curieuse au terme de la première réunion matinale, des écureuils font leurs provisions pour la route, quelques petits pains garnis et emballés à la hâte dans des serviettes sont soustraits du regard de l'aubergiste, ils serviront pour le casse-croûte improvisé si jamais l'organisateur impose de déjeuner sans descendre de sa Brooks. Sait-on de quoi il est capable ?
Nous sommes désormais sept autour de la table : Brombär et son épouse nous rejoignent. Ce n'est pas un hasard si le Baden-Württemberg a été choisi cette année. L'itinéraire passe même dans le village de notre ami bromptoniste allemand, toutes les chances nous sont données d'avoir sa présence aussi longtemps que possible entre Freiburg et Mannheim. Christian (Brombär) pendant une semaine fera office d'interprète, conduira avec Guillaume (Jipi) l'équipée vers les bons ports, choisira pour nous les tables où une cuisine régionale de qualité est mise en valeur... Je crois qu'un des buts ultimes de ces balades est de rallier à nous les bromptonistes habitant les régions que nous visitons, et davantage encore, de créer des liens durables. Le cahier de charge est parfaitement rempli, c'est à mes yeux la grande réussite de ces deux balades de l'Arbre de mai. En Hollande et en Angleterre déjà d'autres Bromptonounours sont prêts à nous rejoindre, des projets sont en chantier. Le calendrier des sorties du Brompton Forum s'est étoffé les deux dernières saisons, chacune est l'occasion de faire boule de neige.
De la neige, il en reste encore un peu sur la plateau boisé de Brend, où les seules constructions sont notre Naturfreundehaus et à 300 m à côté de la tour d'observation en pierre, un Gästhaus. Il y a quinze jours, on trouvait encore des skieurs sur les pistes de descente du Felberg bien visible à l'horizon du haut de cette tour qui nous fait gagner quelques mètres sur la cime des sapins environnants. Sur un chemin forestier, nous nous dirigeons vers les sources du Danube que notre carte situe sur la crête à moins de 2 km, mais malheureusement sans Madame Brombär qui ne roule pas en Brompton (!) et que nous retrouverons dans quelques jours le long de la Neckar. Par bonheur, cher David, j'ai une photo du groupe au complet à la source du plus grand fleuve d'Europe.
(c) Photo : Abeillaud [DSC06365_c_900]
Sabrina, c'est bien plus haut, bien plus secrètement, que le Danube prend naissance. A Donaueschingen, ce n'est déjà plus un nouveau-né.
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(c) Photo : Abeillaud [DSC06361_c_900]
Reprenons maintenant le récit du 3e jour d'erland au moment de la belle descente qui longe les premiers kilomètres du Danube, pendant sa chasse d'image...
(c) Photo : Abeillaud [DSC06371_c_900]
Première des trois grandes visites de notre séjour dont le thème est la mécanique : le Deutsches Uhrenmuseum de Furtwangen possède la plus grande collection d'horloges de la Forêt-Noire au monde. Le coucou est né au milieu du 19e siècle lors d'un concours destiné à rajeunir ce secteur, c'est Friedrich Eisenlohr qui concoît ces boitiers rappelant les maisonnettes de garde-barrière. Le secteur est toujours vivace, pour preuve le musée jouxte une haute école technique d'horlogerie.
Je ne vois pas le temps passer, mes amis m'attendent déjà au soleil devant le musée alors que je n'ai pas encore visité le dernier étage où je découvre quelques exemplaires d'horlogerie assez encombrants.
(c) Photo : Abeillaud [DSC06378_c_900]
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mais parfois en contre-partie, d'une précision étonnante...
(c) Photo : Abeillaud [DSC06382_c_900]
Je lorgne vers un outil de mesure du temps servant à organiser le travail accompagné d'un manuel de psychologie qui me sera très utile pour la prochaine balade...
(c) Photo : Abeillaud [DSC06372_c_900]
Une autre visite est au programme, la promenade des Cascades (Wasserfall). Trirberg a été la première ville d'Allemagne qui a bénéficié de l'éclairage public, l'énergie était fournie généreusement par deux centrales hydro-électriques installées sur la Gutach qui en cinq sauts principaux dévale dans les bois. Elle délivre aujourd'hui 2,4 millions de kWh annuellement.
(c) Photo : Abeillaud [DSC06384_c_900]
(c) Photo : Abeillaud [DSC06384_c_900]
Dans la descente qui mène au centre de Trirberg, l'orage gronde, c'est la douche, nous nous abritons sous l'auvent d'un magasin de souvenirs. Je les quitte quelques minutes pour me glisser dans le Schwarzwaldmuseum (musée de la forêt noire) et prendre dans la pénombre quelques clichés à la sauvette sans flash du célèbre porteur d'horloge. Je n'aurais pas vu lors cette visite éclair l'une des plus grandes collections d'orgues de barbarie d'Europe.
(c) Photo : Abeillaud [DSC06406_c_500]
Voyage en train ou en B ?
Il est 17 h, la pluie a cessé mais la route est détrempée, j'aperçois des éclairs derrière les collines. Il reste environ 25 à 30 km pour arriver à l'étape. Mes compagnons ont été informés quelques temps auparavant que nous allons vers un deuxième Naturfreundehaus en altitude. Il y aura 6 km de grimpette comme hier soir. Nous tergiversons, faut-il y aller en B ou en train ? Je communique ma décision de prendre le train à Trirberg, je suis muni des horaires de la ligne, le prochain train vers le nord part dans une demi-heure. Nous nous rendons tous à la gare. "Chacun est libre de prendre le train ou de rallier la prochaine gare à la force du mollet", leur dis-je. "C'est le plus beau tronçon ferroviaire de la forêt noire que nous emprunterons ; qui m'accompagne en train ?" Certains hésitent et finalement tous mes compagnons choisissent de suivre Guillaume, qui préfère se défouler, au confort de la voiture panoramique, d'autant que l'étape a été courte, la visite du musée bien longue et, agissant comme un appât, le profil de la route est en faveur d'une bonne moyenne : pas de trace de flèche indiquée sur la carte, signe d'une route sans grimpette. David est le plus indécis. " Vraiment pas de regret ?" je leur lance encore, "les regrets, tu les auras plus tard" me souffle-t-il en partant...
Je m'assure auprès de mes compagnons que le rendez-vous est bien compris : "à la gare de Hausach". Ce qui représente 20 minutes de train et 20 kilomètres par la route. C'est le deuxième arrêt, soit la gare après celle d'Hornberg si on prend le train, j'y serai avant eux. Le train entre en gare, je m'installe sur le pont supérieur pour profiter du panorama. De multiples courbes et un nombre important de tunnels jalonnent la ligne entre Trirberg et Hornberg. Qu'il est bon d'avoir les pieds au sec ! Plusieurs éclairs entourent le train pendant le trajet, un quart d'heure après mon arrivée à la petite gare d'Hausach, il tombe des hallebardes. Un titane de fabrication suisse (FW) taillé pour son propriétaire passe sur le quai balayé maintenant par un vent frais. Je sors ma veste polaire. L'attente est plus longue que prévu. Encore un gros coup de tonnerre, celui-ci est tombé à moins de 150 m. Mon dieu ! Dans quel état vont-ils arriver ! Se sont-ils abrités ?
Guillaume (Jipi) trempé jusqu'au os, suivis par Phil, Jacq et Brombär, entre dans la salle des pas perdus : "La bonne nouvelle c'est qu'on est arrivé, la mauvaise c'est qu'on a perdu David." Christian a déjà éprouvé les qualités de sa casquette déperlante et enlève les sacs plastiques dans lesquels il a mis les pieds. Guillaume me rend la carte routière heureusement plastifiée. Deux ou trois quarts d'heure passent : toujours pas de nouvelle de David. Il ne répond pas au téléphone, nous tombons à chaque fois sur sa messagerie vocale. Pas plus de succès avec les SMS. Je le guette abrité sous la verrière de la gare, alternativement du côté des voies à chaque arrivée de train et du côté de la route. Nous sommes sans nouvelles depuis presque deux heures depuis sa disparition . Va-t-il arriver en train ? Pourquoi ne nous téléphone-t-il pas ? Que s'est-il passé sur le trajet ? Nous prenons les décisions qui s'imposent. Je reste à la gare avec Christian, un taxi est affrété pour mes trois autres compagnons. Il douche toujours et nous sommes entre chien et loup : c'est impensable de rallier le Naturfreundehaus Sommerecke en B, 500 m de dénivelé sont encore à franchir en 6 km, plusieurs flèches grasses sont illustrées sur la carte au 1/75.000e
Avis de recherche
Phil, Jacq et Guillaume montent dans le taxi avec leurs bagages et leur véhicule, - pratique le B dans ces situations ! -, vingt minutes passent encore, restés à la gare, nous tirons chacun la même conclusion : prendre contact avec le bureau de police. Christian passe plusieurs coups de fils donnant avec moult détails le signalement de David et les circonstances de sa disparition. Un dernier train arrive de Trirberg à 20h35 sans David. Nous avons épuisé les solutions possibles sur place et nous décidons enfin de prendre le taxi à notre tour. Une lettre à l'intention de David est laissée au chauffeur si par coïncidence un garçon dans la trentaine avec un Flaltrad anglais de couleur sable était aperçu, il faut tout tenter. Le chauffeur de taxi connaît maintenant le chemin pour se rendre au Naturfreundehaus perdu sur les plateaux de Kirnach. Lors de sa première course, il s'était un peu égaré et avait dû stopper le compteur kilométrique. Les explications qu'il avaient reçues d'un bonhomme hilare à l'annonce de notre destination à la gare de Hausach n'avaient pas suffit. Plusieurs panneaux sur la route pentue indiquent la direction du refuge mais dans l'obscurité, ils ne sont pas toujours visibles. Il pleut encore. Notre chauffeur enchaîne les virages. Le trajet me paraît bien long pour six kilomètres. Nous traversons plusieurs bois et clairières. Ah non ! C'est encore plus loin. Encore plus isolé que celui de Brend, ce refuge dispose d'une situation idéale pour celui qui veut goûter au calme.
Cette nuit, nous sommes presque les seuls pensionnaires, c'est la morte-saison pour nos hôtes. Nous mangeons une double portion de Schnitzel (côte de porc pannée) avec des frites et une salade, bien tardivement mais à cinq. Dernières actions à entreprendre avant de s'abattre sonné sur l'oreiller: un courriel envoyé à David dans le bureau de l'aubergiste et l'enfilage de la housse d'édredon. Je poursuis une quête insensée de notre ami toute la nuit.