Bonjour,
J'ai passé récemment une semaine au Cambodge dans le cadre d'une mission de volontariat grâce à la "filière Brompton" : j'ai rencontré le responsable du groupe lors de l’évènement "rations on wheels" qui consistait à livrer en Brompton des sacs de riz aux familles défavorisées de Singapour. J'ai de nouveau rencontré Mono (c'est son surnom) lors du week-end en Brompton à Kuala Lumpur pendant lequel nous avons participé à une distribution de repas pour les sans-abris. Mono m'a alors proposé rejoindre son groupe de volontaires en partance pour le Cambodge.
Le fonctionnement de la missionMono ne fait pas parti d'une ONG, les fonds sont collectés auprès d'un réseau de particuliers résidents à Singapour et sont utilisés dans des pays comme le Cambodge, le Vietnam, les Philippines ou l’Indonésie à destination de bidonvilles ou d'orphelinats.
La formule est la suivante :
- l'argent est collectée principalement auprès de singapouriens par le bouche à oreille et les réseaux sociaux
- Mono s'envole vers différentes destinations, parfois avec un groupe
- 100% de l'argent des dons est employé vers des populations qui en ont besoin, nous avons tous payé de notre poche l'hôtel, les repas et les transports.
Ce système d'organisation informelle permet de contourner la "règle des 80%" en vigueur à Singapour : 80% de l'argent collectée par un organisme caritatif doit être utilisé à Singapour, ce qui ne rend difficile ce type d'opération.
Jour 1 :Nous nous envolons le 16 juillet vers Phnom Penh. Nous avons tous pris un forfait bagage de 25kg pour se répartir des biens de première nécessité collectés à Singapour. Je ne peux pas contribuer au transport car mon Brompton, ses accessoires et la Clapton Box prennent déjà 22kg, mais les autres membres arrivent à se répartir la charge.
Nous arrivons à Phnom Penh peu après 14h, nous allons commencer à travailler l'après-midi même.
Nous avons rendez vous dans un centre d'accueil de jour pour des enfants défavorisés - comprendre par là : qui habitent dans des bidonvilles. Ils vont à l'école une demi-journée et participent aux activités du centre l'autre demi-journée. Le centre leur fournit un cadre pour leurs devoirs scolaires, des cours complémentaires (activités manuelles, traitement de texte, cours d'anglais, loisirs, bibliothèque...), et des repas.
Les singapouriens prépareront un repas "haut de gamme" pour les enfants du centre. Ce sera aussi l'occasion pour eux de gouter à la cuisine Singapourienne, donc exotique et plus riche que leur ordinaire.
Achats du repas au marché local :
Les Singapourienne en pleine séance de "cooking" :
Le père de l'un des enfants reçoit également un "tuk tuk" qui lui permet d'exercer une activités professionnelle et d'assurer un revenu et de nourrir sa famille.
Jour 2Rendez-vous à 5h du matin avec Mono pour une promenade en Brompton sur les bords du Mékong et près du palais royal. Le temps est très beau, beaucoup de gens pratiquent une activité sportive matinale ou du tai chi.
Le long du Mékong :
Tai Chi sur les bords du Mékong :
Mon Brompton et celui de Mono, devant le Palais Royal :
Nous passons le reste de la journée dans un bidonville à distribuer des sacs de riz. les maisons sont très précaires et les enfants jouent au milieu des détritus. les habitants nous accueillent dès notre arrivée et attendent avec impatience la distribution. Les familles sont appelées une à une par leur nom et reçoivent un ou plusieurs sacs de riz.
Achat et acheminement des sacs de riz :
Le bidonville :
La distribution du riz :
Une forte averse nous surprends et je suis chaleureusement invité à m'abriter chez une famille. La maison est faite de planches en bois sur deux étages. L'intérieur est rudimentaire mais bien ordonné. La communication est basique car nous ne parlons pas les mêmes langues. Tout le monde est souriant, on me présente le nouveau-né âgé de quelques semaines, nous échangeons nos prénoms et nous communiquons par gestes.
Mono m'explique que les enfants sont scolarisés mais que le système éducatif ne fonctionne pas bien. Les enseignants sont très mal payés, ils cherchent donc des sources de revenus complémentaires, par exemple :
- en n'enseignant que les rudiments à leurs classes. Ainsi, les élèves issus de familles aisées prennent des cours du soir pour pouvoir passer les examens,
- en n'assurant pas les cours pendant les pics d'activités touristiques, ils travaillent alors en tant que chauffeurs de tuk tuk pour les touristes, activité plus lucrative.
Jour 3Départ à 3h du matin pour sept heures de route vers Siem Reap. Les infrastructures routières sont très mauvaises, la route est souvent boueuse ou partiellement bitumée et pleine de nids de poule.
Nous déposons nos bagages à l’hôtel vers 10 heures du matin et nous rendons visite à un centre d'accueil qui héberge des orphelins ou des enfants défavorisés.
L'accueil est enthousiaste. Le centre fait face à de grandes difficultés financières et matérielles car leur sponsor cessera de leur payer le loyer du terrain d'ici octobre, ils cherchent donc activement d'autres sources de revenus. De même, les habitations construites par une ONG Taïwanaise sont sommaires et prennent l'eau lors des fréquentes averses. Les enfants dorment donc à même le sol pour ne pas que les matelas absorbent l'eau des fuites. Chaque "chambre" héberge entre 5 et 8 enfant dans un confort spartiate : un seul ventilateur et une seule lampe pour travailler les devoirs.
Notre groupe leur fournit des sacs de riz, des biens de première nécessité et surtout 3 mois de loyer pour leur permettre de tenir jusqu'à janvier prochain. Mono leur demande aussi de lui envoyer des devis pour prendre en charge financièrement la réparation des toitures et le colmatage des fuites.
Nous emmenons ensuite les pensionnaires dans un fastfood local situé dans un centre commercial. Le responsable du centre m'explique qu'ils n'ont pas l'occasion de visiter ce type de restaurants, leurs repas sont préparés au centre et sont souvent composés de riz, les enfants sont donc très contents de cette sortie.
Au Lucky Burger, notre groupe fait sensation et le responsable du restaurant vient nous prendre en photo. Mono commande des dizaines de menus et des montres "Hello Kitty" pour les filles.
Les montres hello Kitty avant distribution :
Mono en action avec ses protégés. Mono repasse dans les rangs encore et encore pour que tous les enfants soient plus que rassasiés :
Mono et moi décidons de revenir à l'hotel avec nos Brompton. Les enfants du centre sont très curieux en voyant nos vélos, c'est bien sûr la première fois qu'ils voient des Brompton. Quelques uns essayent nos vélos avec enthousiasme.
les enfants nous disent "good bye!" très chaleureusement, plusieurs d'entre eux viennent nous serrer dans leurs bras. Les filles sont très contentes avec leurs montres "Hello Kitty" et les portent déjà au poignet. Nous reverrons ce groupe le lendemain pour une autre histoire de vélos et de Brompton.
La distribution des montres Hello Kitty :
Mono et moi revenons à l’hôtel en Brompton, c'est la première fois que j'affronte la circulations Cambodgienne. La conduite semble très chaotique vu de l’extérieur car elle ne respecte, en apparence, aucune règle : pas de passage piétons, très peu de feux de circulations, les voitures et motos roulent parfois à contre-sens, les véhicules franchissent simultanément les croisements en se faufilant entre eux... Je n'étais donc pas très rassuré.
Avec un peu de pratique, j'ai trouvé cette conduite paradoxalement plus facile pour un vélo qu'en France ou à Singapour, car :
- les voitures roulent beaucoup moins vite
- les chauffeurs très attentifs et anticipent les mouvements des autres véhicules
- une règle : priorité à celui qui est devant
L'idée directrice consiste à suivre le flux de véhicule qui avance à une vitesse très réduite : pas plus vite qu'un vélo. Nous atteindrons l’hôtel sans problème.
Jour 4Nous consacrons la première demi-journée à visiter les temples d'Angkor en Brompton. Ce sera notre unique sortie dédiée au tourisme. Je réalise là un vieux rêve car j'apprécie beaucoup les lieux chargés d'histoire. Hasard du calendrier, j'avais justement visionné avant le départ un reportage d'Arte sur l'empire Khmer et ses réalisations à Angkor :
http://www.arte.tv/guide/fr/046186-002/le-crepuscule-des-civilisations-2-2
La visite sera malheureusement très rapide, voici quelques photos :
La plupart des mes compagnons sont Bouddhistes et ont voulu offrir de la nourriture aux moines d'un monastère à proximité de l'un des temples. Ils se cotisent donc pour acheter une trentaines de repas que nous apportons au monastère, mais nous arrivons trop tard car les moines ont déjà terminé leur unique repas de la journée.
Nous nous dirigeons donc vers le centre d'accueil des enfants qui bénéficiera pour l'occasion d'un second repas "amélioré". Nous arrivons pendant leur déjeuner, un repas très simple à base de riz. Ils nous accueillent une fois encore avec enthousiasme et sont très contents des repas que nous leur apportons. Mono m'explique qu'il était peut-être "écrit" que nous devions arriver trop tard pour le repas des moines afin que nous puissions donner ces repas aux enfants du centre.
L'après-midi sera consacré à l'achat de vélos pour les enfants du centre. Ces enfants sont parfois scolarisés dans des écoles situées très loin et il n'y a pas de transports en commun. Ils doivent donc marcher jusqu'à 3 heures par trajet. Les vélos réduisent donc considérablement le temps de trajet et la fatigue.
Nous accompagnons quelques enfants chez un vélociste local pour acheter des modèles d'occasion à US$45 l'unité. Chaque enfant choisit un vélo qui lui plait et l'essaye devant la boutique. Mono règle la note et nous revenons en vélo au centre d'accueil. Je sors le Brompton de la camionnette et je le déplie sous les exclamation des enfants qui le qualifient, en anglais, de "magic bike"! Il pleut beaucoup, la route est boueuse et je dois prendre garde aux nids de poule.
Arrivés au centre, nos deux Bromptons à coté des nouveaux vélos. En arrière plan, une Singapourienne du groupe qui joue avec l'un des enfants du centre :
A suivre : Jours 5, 6 et 7