Parce qu'il vaut mieux tard que jamais, voici le compte rendu de mon voyage en solitaire, ou presque, vous verrez ça plus loin...
J'ai choisi ce trajet car il était facile de chez moi de s'y rendre en TGV: Aller Lille-Bordeaux direct en 5h15 et retour Valence-Lille direct en 3h40 et que j'avais trouvé ce topo
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7 juillet, 6h44 je suis en gare d'Ath pour aller chercher le TGV de 9h21 à Lille ...
Arrivé avec un peu d'avance à Lille, je plie mon B en gare d'Euralille et un monsieur montre à son fils le vélo, nous entamons donc la conversation autour du vélo...Quelques minutes plus tard je me rend compte que ce monsieur est le frère de la marraine de mon fils, Lillois d'origine, exhilé en Alaska, il prendra le même train que moi pour passer ses vacances à Angoulême...le monde est petit parfois...
J'arrive à Bordeaux à 14h50 et à 15h00 je fais mes premiers tours de roue suis la pluie
, il fait chaud, je n'enfile pas les vêtements de pluie, il ne pleut pas longtemps et je sèche rapidement.
Ma première étape est la seule que j'ai planifiée, elle me conduira chez Bernadette et Colin, deux Anglais expatriés qui se sont posés là après leur tour du monde à vélo, c'est grâce au site warmshower que j'utilisais pour la première fois que j'ai fait leur rencontre.
93.5km au terme de cette première journée.
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8 Juillet:
Après un petit déjeuné agrémenté de porridge, je prends la route dès 8h00, le profil renseigné dans mon guide m'annonçait une journée sans difficulté au niveau du relief, en fait c'est une succession de collines qui m'attend et au final une belle étape qui me conduira à Cahors...
164km et 1301m de dénivelé positif
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9 Juillet:
Levé à 6h30, en selle dès7h10la sortie de Cahors se fait par une route qui grimpe en haut des falaises, les averses sont régulières et souvent assez fortes mais le paysage est superbe...
Dans la matinée j'emprunte le chemin de halage en contrebas de Saint Cirq Lapopie, ce chemin taillé dans le roc est un endroit incroyable à découvrir!
C'est le moment d'annoncer mon arrivée à Cajarc, en effet c'est Erland qui m'attend là pour un bout de chemin.
Après avoir avalé deux farçous et emporté une part de pompe à l'huile (merci Erland de m'avoir fait découvrir ces spécialités locales qui donnent aux cyclistes assez d'énergie pour attaquer n'importe quelle côte
) nous prenons la route en empruntant la route qui grimpe en haut des falaises jusqu'au lieu dit du saut de la Mounine, un chien très sympathique nous accompagnera pendant une bonne dizaine km, tantôt quelques dizaines de mètres devant nous, tantôt derrière, ce chien avait une condition physique incroyable, ce n'est que dans une descente à plus de 50km/h que nous avons semé cette brave bête qui a du refaire le trajet en sens inverse pour rejoindre son village...ou se trouver un nouveau cycliste comme compagnon pour une nouvelle virée.
Nous rejoindrons ensuite le village de Faycelles où nous prendrons un verre et où je goûterai cette fameuse pompe à l'huile avant de nous séparer...Cette rencontrera sera un moment fort de ce voyage, merci Erland de m'avoir si bien guidé et de m'avoir fait découvrir cette région que tu connais bien!
Je me fixe Entraygue comme arrivée ce soir mais je trouve un superbe gîte dans une ancienne grange le long du Lot et la pluie fini par me décider de m'y arrêter pour la nuit, j'écourte l'étape de 7-8km...
143km et 1445m de D+
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10 Juillet:
J'ai bien fait de choisir de dormir en gîte, il a plu toute la nuit! Ce matin le ciel est gris mais la route est en train de sécher. Je fais facilement les 7-8km jusqu'à Entraygues, c'est ensuite que j'attaquerai le plat de résistance, la première ascension sur le massif, 10 km de montée avec des passages à 8%.
En haut je fais une halte dans un village où se tient le marché, à croire que tout le monde s'est donné rendez-vous ici car je n'ai vu presque personne sur les routes ce matin et pourtant ce marché est bien animé.
Une échoppe propose des farçous, quand on y a goûté il est difficile d'y résister, je m'en offre deux que je dégusterai à la terrasse du bistrot sur la place.
Je me dirigerai ensuite vers le pont de Treboul, sur ce pont je ne comprends pas trop l'aspect du paysage, la végétation marque un étage très net enre les prairies et la forêt, en fait je me trouve face à une vallée qui d'ordinaire est submergée par les flots, un barrage en cours de révision me permet de voir le dessous du décor.
Le lac a été vidé au printemps et déjà la végétation a repris ses droits, j'aurais imaginé un paysage minéral, couvert de boue et je trouve des prés verdoyants! La rivière a retrouvé son lit et les arbres immergés depuis longtemps sont toujours debout le long de ses berges, l'ancien pont, au dessus duquel a été bâti le nouveau, est toujours debout et les promeneurs l'empruntent comme jadis!
Je ressens une grande émotion devant cet endroit d'ordinaire invisible et qui semble resurgir intact après toutes ces années.
Ce soir je dormirai dans un endroit insolite, un four communal dont la porte est ouverte. Je préviens, pour les rassurer, les voisins que je ne suis pas un vagabond mais un simple voyageur qui souhaite passer la nuit au sec. La dame a "pitié de moi", ce sont ses paroles, et m'apporte à manger et à boire, elle reviendra plus tard m'apporter un thermo de café pour le lendemain matin, à ses yeux j'étais le plus intrépides des aventuriers
à mes yeux elle était la providence qui m'a nourri, réchauffé le corps avec son café et le coeur avec ce joli geste de partage!
102 km et 1915m de D+ et une pointe à 59.57 km/h
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11 Juillet:
Après une bonne nuit, dans le confort relatif de mon logis et de sa banquette en bois, je me réveille tôt. Il est 6h00 et je bois mon café encore chaud offert la veille, je plie bagage et démarre dès 6h30!
Je passe St Flour puis j'aborde une autre longue montée de 10km, je roule à 8km/h et j'ai donc tout le temps d'admirer le paysage!
Il fait gris , il fait frais: 11° à St Flour ce matin, 9.5° à midi sur le plateau. Pour plus de sécurité je roule avec le phare allumé toute la journée, merci le moyeu dynamo!
Je m'arrête boire un café et me réchauffer dans un village et lorsque je redémarre, je pédale à plus de 41km/h dans la descente pour me réchauffer, sans succès car je claque toujours des dents!
Avec la pluie qui ne cesse pratiquement pas j'ai les doigts tout fripés mais les paysages sont magnifiques et je passe encore une excellente journée
En fin de journée, je passe encore un col
et termine mon étape au Puy en Velay, je suis très content d'être là car c'est un des grands lieux de départ du pèlerinage de Compostelle, j'ai fait le chemin à vélo depuis chez moi et c'est un grand moment pour moi de me rendre au Puy.
Je tente ma chance pour me faire héberger à l'auberge pour pèlerin et j'y suis bien accueilli, je passerai la nuit dans un vrai lit!
Le dortoir est divisé en petits espaces séparés par une cloison en bois lui offrant ainsi un peu d'intimité, où chaque pèlerin a à sa disposition un lit, une chaise et un placard. J'aime cette atmosphère simple et ce confort rudimentaire qui me rappellent les "albergue de Peregrinos" que j'ai rencontré lors de "mon" Camino.
119km et 1717 D+
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12 juillet:
Après un petit déjeuner simple pris a l'auberge je quitte le Puy par une piste cyclable sympathique qui longe une rivière et la traverse plusieurs fois sur des ponts très sommaires. Je franchi un pont sur la Loire, franchir ce fleuve est pour moi chaque fois un moment important, comme une frontière marquant deux univers différents...
Après la Loire, ça monte, et fort! Il est 11h00 j'ai seulement parcouru 29km mais j'ai déjà grimpé 744m de dénivelé!
Je mange dans un café/épicerie, le seul commerce du village, un bout de pain et de fromage et je m'offre un verre de vin rouge, ça devait être un grand cru car lorsque la tenancière m'a réclamé les 70 cents pour mon verre je n'en n'ai pas cru mes oreilles!
Le col de Rouvey marquei la fin des montagnes,après le profil sera descendant jusqu'à la vallée du Rhône
Comme vous pouvez le constater sur la photo: J'ai toujours la banane
Je rejoins le Rhône à Sarras où je mange mon repas du soir et me dirige sur la ViaRhôna , une dizaine de km plus loin, je trouve des pêcheurs, ils traquent le silure et sont Belges...le monde est petit parfois...
Je passe la soirée en leur compagnie, on rigole bien, on boit l'apéro mais ils ne prennent pas de silure ce soir, j'aurais tant voulu voir un de ces "monstres", ils me montrent des photos de leur prises de la veille, l'une d'entre elles mesurait 208cm!
Je plante ma tente à côté des leurs, je me lave dans le Rhône et passe une excellente nuit dans un calme parfait.
127km et 1729 D+
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13 Juillet:
Je prends mon petit déjeuner avec mes pêcheurs, du café et du gâteau aux fruits confectionné par la maman du guide pêche que "mes" Belges avaient embauché pour le week-end.
Je m'arrête à Valence où je devrai prendre mon TGV de retour à 16h16, je me renseigne à la SNCF sur les horaires TER et décide de pousser jusqu'à Montélimar et de revenir en TER jusqu'à Valence puis Valence TGV...
Je suis la ViaRhôna qui sera la grosse déception du voyage, La piste est en partie terminée et le balisage aussi, ce qui signifie que parfois on roule sur un piste cyclable toute neuve et q'au bout de ce tronçon on ne trouve plus ni piste ni panneau, ce qui m'a obligé à faire de nombreux demi-tours et à chercher tout le temps mon chemin...de plusje trouve ce type de piste vraiment ennuyeux, on n'y voit pas grand chose et la monotonie s'installe rapidement...
83km et 257 D+
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Les chiffres:
831 km en 5 jours entiers et 2 demi jours
8796m de dénivelé
Une moyenne ridicule de 14,4 km/h et 51h37' de selle...mais ce n'est pas une course, c'est du tourisme!
En conclusion:
J'ai passé une semaine formidable,j'ai traversé des paysages magnifiques aux vallées larges ou encaissées
J'ai adoré l'Aubrac, le Cantal, l'Aveyron,... des régions où je pouvais être seul pendant des heures au milieu d'une nature préservée, avec la pluie et la brume je me suis parfois cru en Ecosse!
J'ai dormi dans des lieux insolites et j'ai rencontré des gens formidables.
J'ai vu le pont de Treboul.
J'ai mangé des spécialités locales délicieuses.
Et j'ai vécu tant d'autres choses encore...
Mon album photos
Le bonheur est au bout du guidon