L’exercice physique permet de garder un cerveau plus jeuneUne étude américaine vient de montrer que trois heures d’activités aérobiques par semaine suffisent à renforcer vos capacités intellectuelles et de mémorisation. Contrairement à la croyance populaire voulant que le meilleur moyen de conserver une intelligence vive soit de s’adonner à une gymnastique mentale, les exercices physiques seraient donc un remède nettement plus efficace. Selon cette étude, trois heures de marche rapide suffisent à intensifier la circulation sanguine dans le cerveau et à déclencher des changements biochimiques susceptibles d’accroître la production de nouveaux neurones du cerveau.
Quand le cerveau vieillit, l’usure normale qui se fait sentir chez les personnes d’âge moyen les contraint à traiter plus lentement l’information, ce qui signifie qu’elles ont besoin de plus de temps pour prendre des décisions et assimiler des renseignements complexes. Les cerveaux plus âgés mettent également plus de temps à passer d’une tâche à l’autre et se révèlent moins aptes au travail multitâche (par exemple, conduire tout en changeant la chaîne de la radio et en jetant un coup d’oeil au rétroviseur).
On a longtemps pensé que le meilleur moyen de garder la forme mentale était de pratiquer régulièrement des exercices de gymnastique mentale. Ainsi, les mots croisés, la lecture, l’étude d’un instrument de musique ou toute autre activité stimulant le cerveau étaient censés écarter la menace des ravages mentaux occasionnés par la vieillesse. Sans remettre en cause l’utilité de tels exercices mentaux, il semble à présent, à la lumière de récentes études, que les personnes âgées qui pratiquent régulièrement des exercices physiques (marche, vélo, jardinage) voient leurs fonctions cognitives s’améliorer après quelques mois, dit Arthur Kramer de l’Université de l’Illinois, à Urbana : leur mémoire à court terme est meilleure, elles font preuve d’une plus grande agilité mentale et démontrent une plus grande capacité de concentration que les personnes sédentaires.
Les scientifiques d’Urbana ont réparti en trois groupes quelque 59 adultes, âgés de 60 à 79 ans : le premier groupe pratiquait des exercices aérobiques, le deuxième s’adonnait à des exercices de musculature et d’étirement alors que le troisième se tournait les pouces. Les deux premiers groupes ont fait de l’exercice physique pendant une heure trois fois par semaine, marchant à une vitesse dépassant légèrement les cinq km à l’heure. Les chercheurs ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM), avant et après le programme d’exercices, pour mesurer le cerveau des volontaires.
Aucun changement n’a été constaté au sein des deux derniers groupes (adeptes des exercices de musculature/étirement et téléphages). « Mais une augmentation substantielle du volume du cerveau a été notée chez les adultes du premier groupe, soit les adeptes d’exercices aérobiques », dit le Dr Kramer. L’augmentation de la matière grise s’est révélée nettement plus importante dans la région des lobes frontaux, siège du cerveau rationnel contrôlant l’attention et la mémoire.
Quant à la substance blanche, elle s’était surtout multipliée au niveau du corps calleux, ensemble des neurones réunissant les deux hémisphères cérébraux et dont la détérioration est responsable d’un processus de réflexion plus engourdi. Pourvu de meilleures connexions, l’hémisphère sollicité pour une tâche arrive à transmettre des signaux afin de « faire taire » l’autre hémisphère, améliorant ainsi l’efficacité cognitive.
Puisque les volontaires qui ont participé à l’étude étaient tous en bonne santé, l’analyse ne peut préciser si l’exercice pourrait ralentir, ou même inverser les effets des maladies du cerveau liées à l’âge telles que l’Alzheimer. Et comme les scientifiques n’ont pas astreint les volontaires à un régime draconien, ils ignorent si des exercices plus rigoureux seraient en mesure d’accroître davantage la neurogenèse ou si ces avantages finissent par atteindre un sommet.
« Après seulement trois mois, les gens qui s’étaient adonné à l’exercice physique avaient un volume de cerveau comparable à celui de personnes trois ans plus jeunes », explique le Dr Kramer.
Jusqu’à 1998, on tenait pour un dogme le fait qu’il ne se développait pas de nouveaux neurones dans le cerveau humain adulte. Une étude menée auprès de patients suédois a ébranlé cette conception initiale. Les chercheurs ignoraient cependant si les humains étaient en mesure de stimuler cette « neurogenèse » ou si elle saurait conférer des avantages cognitifs. L’étude menée en Illinois est donc la première à dévoiler que les cerveaux plus âgés ont la capacité de produire de nouveaux neurones.
(Canoe)
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