Agriculture et alimentation

Ca ne me gêne pas qu'on parle de ça dans le "salon" même si je m'inscris un peu en faux. Pour ma part, je crois qu’il est important d’apprendre à connaître la viande et de l’apprécier. Si c’était le cas de la majeure partie des gens, la situation des animaux et de la diversité du vivant serait bien meilleure. Le problème vient du fait qu’il nous paraît normal de rapporter au magasin un produit de mauvaise qualité mais personne ne s’indigne de manger de la viande de mauvaise qualité. Et derrière une nourriture de mauvaise qualité, il y a toujours le mépris des animaux, et au final celui des hommes qui s’en nourrissent.

Il y a 80 ans, les Français mangeaient beaucoup moins de viande. Il s’agissait d’un produit rare et cher. L’idéologie de la viande tous les jours, y compris dans les cantines scolaires, est finalement assez récente. (Soit dit en passant, les morceaux de viande sur les plateaux repas y partent à la poubelle à moitié entamés (voire pas du tout). En particulier parce que la viande n’y est le plus souvent vraiment pas bonne et n’y est pas considérée comme un produit rare et précieux.) Rien que ce changement de mentalité serait déjà énorme. Et permettrait de se libérer d’une partie de la production industrielle.

En bref, le problème de l’approche végétarienne c’est qu’elle consiste à se désintéresser d’une question importante : quel type d’élevage ? Tous ne se valent pas. On m’a toujours dit qu’un animal qui a peur, surtout au moment de l’abattage, produit une mauvaise viande (dure). Les anciens n’étaient pas des sensibles, seulement ils savaient qu’un produit honnête qu’ils n’auraient pas honte de vendre aux gens qu’ils connaissaient nécessite certains égards. Dans ma famille, les veaux grandissent allaités par leur mère, ils sortent dans les champs avec elle, ils sont amenés à l’unité à la foire aux bestiaux, et au prix que coûte l’animal, aucun transporteur ne peut se permettre d’avoir ne serait-ce que 2 ou 3 % de perte. Notez que ça ne se fait pas par amour des bêtes. (Déjà qu’on ne peut pas attendre des hommes de la philanthropie…) C’est par intérêt : un animal qui a vu la lumière du jour, qui ne connaît pas le stress de l’enfermement et de la promiscuité, qui mange de l’herbe fraîche, etc. donnera une meilleure viande. Le client qui réclame cette viande (et il n’y en a pas tant que ça) à la place d’une viande de mauvaise qualité fera au moins autant pour le bien être animal qu’un végétarien. C’est paradoxal mais c’est comme ça. (Augmentation du prix + augmentation de la surface d’élevage par animal = diminution de la viande consommée et disponible par habitant + augmenattion de la qualité de vie des animaux)

En même temps l’idée d’un élevage à échelle humaine voire de l’auto-élevage n’est pas forcément la panacée : c’est sûr que c’est gratifiant par exemple d’élever ses propres poules, mais si la pratique était étendue à l’ensemble de la population ce serait une calamité : chacun aurait besoin de son petit jardin et il ne resterait plus un seul hectare de terre sauvage sur le globe. C’est ce dernier aspect qui me paraît le plus grave. Après tout, les espèces domestiques ont été maintenues alors que tant d’espèces sauvages ont disparu.

Et il ne faut pas croire que les céréales posent moins de problèmes. Par exemple étendre sur de vastes étendues des cultures de soja (ou autre) qu’il faudra irriguer, traiter, pour lesquelles on éradiquera les espèces sauvages qui pourraient détruire les cultures, etc, en empiétant sur des milieux naturels ne me satisfait pas intellectuellement. Une souffrance animale peu prise en compte ici est celle qui résulte de la destruction constante de son milieu sauvage (infrastructures routières, agriculture, pollution, étalement de l’habitat). Et elle me paraît d’autant plus grave que c’est tout l’éco-système qui repose là-dessus. Une viande élevée en faible quantité dans des conditions décentes n’est donc au final pas moins destructrice pour la vie animale que du soja cultivé dans des quantités industrielles qui empiètent sur le milieu naturel. Sauf que les abeilles qui meurent à cause des pesticides font des images moins choc que celles qui sont prises dans des abattoirs industriels...

Bref, je suis perplexe et je ne sais pas trop quoi penser de tout ça...

Et sinon, juste une question comme ça pour détendre l'atmosphère après tout ce bavardage: un végétarien peut-il faire du Brompton avec une selle Brooks en cuir?

Yes !

erland a écrit:

Et il ne faut pas croire que les céréales posent moins de problèmes. Par exemple étendre sur de vastes étendues des cultures de soja (ou autre) qu’il faudra irriguer, traiter, pour lesquelles on éradiquera les espèces sauvages qui pourraient détruire les cultures, etc, en empiétant sur des milieux naturels ne me satisfait pas intellectuellement. Une souffrance animale peu prise en compte ici est celle qui résulte de la destruction constante de son milieu sauvage (infrastructures routières, agriculture, pollution, étalement de l’habitat). Et elle me paraît d’autant plus grave que c’est tout l’éco-système qui repose là-dessus. Une viande élevée en faible quantité dans des conditions décentes n’est donc au final pas moins destructrice pour la vie animale que du soja cultivé dans des quantités industrielles qui empiètent sur le milieu naturel. Sauf que les abeilles qui meurent à cause des pesticides font des images moins choc que celles qui sont prises dans des abattoirs industriels...

Bref, je suis perplexe et je ne sais pas trop quoi penser de tout ça...

moi non plus je ne sais plus quoi penser de tout ça, tout ce que tu dis es juste et il faudrait revoir le système dans son intégralité !

je suis végétarien mais je ne demande à personne de le devenir: ma compagne mange de la viande ( occasionnellement ) et ma fille ( 2 ans 1/2 ) aussi !
il s'agit pour moi d'être en accords avec les "convictions citées plus haut...
je ne suis pas contre l'élevage mais plutôt contre l'élevage industriel, je compte parmi mes amis des chasseurs c'est dire que je respecte l'opinion de chacun je ne cherche pas à imposer mes idées, il s'agit plutôt de réflexions complexes où rien n'est tout blanc ou tout noir ou il n'y a ni vrai ni faux, juste un monde devenu très ( trop ) complexe...

je suis végétarien pour plusieurs raisons plus ou moins valables et que je serais incapable de les classer dans un ordre d'importance :

je citerai le refus de l'élevage intensif et ce qu'il sous tend: tant le point de vue du bien être animal, que de la pollution directe ou indirecte liée à cette activité, qu'à la déforestation qu'elle engendre pour produire les céréales destinées à celle-ci, que d'un point de vue santé humaine,...

erland a écrit:

Et sinon, juste une question comme ça pour détendre l'atmosphère après tout ce bavardage: un végétarien peut-il faire du Brompton avec une selle Brooks en cuir?

je possède plusieurs selles Brooks et je me suis bien entendu posé cette questions plusieurs fois, ça reste pour moi un dilemme et je me console en me disant que je garderai ces selles de longues années histoire de ne pas rendre la mort de l'animal "donneur" tout à fait inutile ...

bref je me pose beaucoup de question sur l'avenir de notre planète et je ne trouve pas beaucoup de réponses qui me conviennent...j'agis donc à mon échelle, par exemple en consommant au maximum local, en respectant au mieux mon environnement, en me déplaçant au maximum à vélo, en étant végétarien,... mais avec mes limites: j'ai une voiture ( 2 dans le ménage ), j'ai plusieurs selles Brooks ,...

voilà comme toujours la parole sage de Fredo... bravo

A propos des selles Brooks et des animaux, voici quelques infos sur une partie de la gamme (mention "select") pour laquelle Brooks se fournit en Suède auprès de bovins bio âgés d'au moins sept ans. Contrepartie, la selle est plus longue à roder car le cuir est plus rigide.

http://www.treehugger.com/files/2010/11/brooks-organic-leather-bicycle-saddles.php

Arrêtez de flipper avec les selles Brooks. Le cuir de nos selles est un sous-produit de l'élevage, pas sa finalité.

VéloVolant a écrit:

A propos des selles Brooks et des animaux, voici quelques infos sur une partie de la gamme (mention "select") pour laquelle Brooks se fournit en Suède auprès de bovins bio âgés d'au moins sept ans. Contrepartie, la selle est plus longue à roder car le cuir est plus rigide.

http://www.treehugger.com/files/2010/11/brooks-organic-leather-bicycle-saddles.php

merci pour cette info très intéressante !

dominique1020 a écrit:

Je connais un boucher assez original (pour moi): une ferme où les animaux sont abattus sur place et vivent paisiblement en attendant leur dernière heure. La viande est excellente à manger et j'en suis sûr de bonne qualité nutritive. Je n'en mange pas tous les jours, il ne faut pas abuser des bonnes choses de la table.

Mais est-ce moral? Pour que tous les humains puissent manger, il ne faudrait consommer qu'une fois par semaine ce genre de viande Et pour l'animal, c'est de toute façon une exploitation indigne C'est comme si tu disais "j'accepte l'exclavage humain quand les maîtres sont gentils"

Lorsqu'on est invité chez des amis végétariens et que l'on n'est pas végétarien, quelle attitude doit-on adopter?

Lorsqu'on est invité chez des amis non végétariens et que l'on est végétarien, quelle attitude doit-on adopter?

erland a écrit:

Et sinon, juste une question comme ça pour détendre l'atmosphère après tout ce bavardage: un végétarien peut-il faire du Brompton avec une selle Brooks en cuir?

Pas s'il est vegan Heureusement qu'elle n'est pas montée d'origine, sinon je n'aurais pas pu avoir de Brompton

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Discussion avec Claude Bourguignon par ASSOCIATION_BARAKA[/dailymotion]