J'ai saisi l'opportunité d'un passage à Dubaï - Émirats Arabes Unis - pour explorer une route cyclable très particulière qui permet de
rouler dans le désert.
Cette expérience a été très plaisante car je n'avais jamais visité de pays dans cette région, ni roulé à vélo dans un désert de sable. Les roues du Brrompton ne sont pas du tout adaptées à cet environnement, mais le Sheik Mohammed Al Maktoum a eu la bonne idée de construire un parcours cyclable dans le désert, néanmoins à proximité relative de Dubaï.
Le parcours dit "Al Qudra Road Cycle Path" est modulable car il se compose d'une accès de 18km, une boucle principale de 50km et trois boucles optionnelles de 20 à 30km chacune. En ce qui me concerne, mon parcours total a été de 130km, incluant la boucle principale et une boucle optionnelle de 20km. "No pain, no gain" disent les anglophones, les plus beaux paysages se trouvent le long de ces fameuses boucles optionnelles.
La balade a mal commencé car je me suis rendu compte que j'avais oublié ma bouteille d'eau et son support Moonki, ce qui est embarrassant quand on doit rouler plusieurs dizaines de kilomètres dans le désert. J'ai donc reconverti mon sac de housse en sac à accessoires afin de libérer de la place et transporter 3 litres d'eau dans le Mini-O-Bag avant.
Équipement transporté :
- trois litres d'eau en bouteilles de 500ml
- des biscuits
- un pneu Kojak de rechange
- une chambre à air de rechange
- de l'huile
- le kit d'outils Brompton qui se range dans le cadre
- une pompe à pied transportable Leyzine
- téléphone portable et un appareil photo
Il est important d'être un minimum autonome car passé les premiers kilomètres, le cycliste se retrouve seul dans le désert et ne peut compter que sur lui même ou les autres cyclistes de passage. L'administration Émirati a tout de même mis en place des numéros d'urgence rappelés à intervalles réguliers le long du parcours.
L'accès à ce circuit est difficile en vélo. J'ai d'abord traversé Dubaï en bus tôt le matin jusqu'au point le plus excentré possible :
Les calculateurs d'itinéraire m'indiquaient qu'il suffirait alors de pédaler une dizaine de kilomètres pour atteindre le début du parcours, mais ce tronçon est en fait une route à plusieurs voies théoriquement interdite aux cyclistes. J'ai quand même réussi à les traverser en roulant sur la bande d'arrêt d'urgence. J'ai croisé une voiture de police à l'arrêt, l'agent ne m'a rien dit.
La situation s'est encore compliquée quand la bande d'arrêt d'urgence a disparue pour cause de travaux. J'ai eu à choisir entre circuler sur la route (vitesse limite à 100km/h) ou traverser le chantier en marchant dans la boue et le sable. J'opte pour la seconde solution, les ouvriers que je croise - Pakistanais ou Bangladais - m'autorisent spontanément à traverser leur lieu de travail et m'offrent leur aide pour transporter le vélo dans le terrain accidenté du chantier.
Je rencontre 300 mètres plus loin le chef d'équipe Émirati qui m'accueille chaleureusement et m'explique qu'il existe justement une piste cyclable longeant le côté opposé de l'autoroute, que ce serait plus facile pour moi si j'arrivais à la rejoindre! Je marche encore un bon kilomètre dans la boue pour quitter la zone des travaux et je profite d'une accalmie dans la circulation, un automobiliste sympathique qui ralentit, me lance un appel de phares pour me signaler de passer puis me salut de la main, je rejoins enfin le chemin cyclable du côté opposé.
Le parcours est clairement signalé :
Des WC et des douches d'une propreté impeccable - et gratuits - sont installées au début du parcours. Un parking à voitures est prévu, quelques cyclistes chargent ou déchargent leur vélo de course. Je n'ai vu aucun vélo pliant ni aucun VTT ou autre vélo de ville durant tout le parcours, qui semble fréquenté quasi-exclusivement par des sportifs.
Un premier tronçon de 18km permet de rejoindre le début de la boucle principale. Là encore, l'infrastructure est excellente avec des facilités comprenant un restaurant, une alimentation générale, un centre médical et encore des WC et des douches.
Le vendeur du magasin m'explique que le parcours fait 50km, j'estime donc suffisant d'emporter 3 litres d'eau. Ce fut une erreur car je n'avais pas anticipé la boucle optionnelle - qui porte le parcours à 70km - dont je n'avais pas connaissance. Un dernier ravitaillement et je me lance.
Je ne trouverai aucun ravitaillement avant plusieurs dizaines de kilomètres. La température est relativement douce car c'est l'hiver et l'heure est encore matinale. Je m'attend à un peu plus de 30 degrés à l'ombre en début d'après-midi.
La route cyclable s'enfonce dans le désert, je rencontre encore quelques infrastructures.
Le vent de face est assez fort, les vagues de sable ondulent sur la piste. Je rencontre mes premières dunes, le Brompton tient en place sans appui!
La température monte progressivement, je tombe sur la première intersection - non prévue : boucle optionnelle de 20km. je m'engage :
Encore des dunes :
Je suis seul, je ne vois personne à perte de vue, que du sable, du sable et encore du sable :
Encore du sable :
Une aire de repos à l'ombre :
J'y rencontre un lézard, sa couleur lui permet de passer inapperçu dans le sable :
je reprend ma route, le paysage est absolument fantastique :
les nuages disparaissent et laissent place au soleil. La température monte encore d'un cran :
Des traces d'infrastructures apparaissent à l'horizon :
Sur le plan vestimentaire, j'ai mis à profit mon expérience de cycliste en climat équatorial pour appliquer la même recette : s'habiller en "ninja" pour se protéger du soleil.
- casque
- lunettes de soleil anti-UV et larges
- manches anti-UV (faites comme dans les films et trouvez l'indice dans le reflet des lunettes)
Je m'hydrate aussi en permanence car l'air est très sec. Je croise deux cyclistes occidentaux en vélo de location qui roulent dans le sens inverse, leur peau est déjà très rouge. Les coups de soleil arrivent d'autant plus vite que le sable réfléchit beaucoup la lumière. Il ne faut pas se lancer dans cette balade sans un minimum de préparation.
Une nouvelle aire de repos à l'ombre, je les apprécie de plus en plus avec le soleil et la chaleur qui montent :
Ce désert n'est pas si désertique, je croise l'un de ses habitants, un Oryx d'Arabie qui marche calmement. ma présence ne l'effraie pas et il ne montre aucun signe d'agressivité, mais je préfère garder quelques distances :
La silhouette est familière, c'est justement un oryx qui est représenté sur les avions de Qatar Airways :
Je reprends la route, toujours éblouis dans tous les sens du terme par le paysage :
L'eau commence à me manquer, je me rationne pour les 20 derniers kilomètres. Je croise deux autres intersections proposant des circuits de 25 et 28km, mais je dois y renoncer à regret.
Je ne suis plus qu'à quelques kilomètres de la fin de la boucle principale, je retrouve des zones d'habitation éparses. Ici, une Mosquée :
La végétation est plus fournie :
Dernier kilomètre, je termine juste ma dernière ration d'eau :
Je me ravitaille au même magasin qu'à l'aller et je me repose pour le trajet retour que... j'appréhende. Effectivement, je rencontrerai les mêmes problèmes qu'à l'aller avec une qusi-impossibilité de rejoinddre la ville sans rouler sur l'autoroute. aucun passage, aucun pont ni tunnel, aucune route secondaire, je dois me résoudre à rouler encore une fois sur la bande d'arrêt d'urgence, rencontrer une nouvelle zone de travaux - désertique cette fois, marcher dans la boue et le sable avant de retrouver un arrêt de bus qui me ramènera directement à mon hôtel.
Je pense que le mieux est de prendre un taxi ou de louer une voiture pour la journée, ce sera beaucoup plus simple et moins dangereux.
J'apprécie pleinement un excellent diner Libanais :